La saison 2022

 
Dimanche :
 
   Aujourd’hui deux gros morceaux se dressent devant nous. Dotées de 11.50km chacune, Loubieng et Lanneplaa sont des incontournables du rallye Orthez-Béarn. Et cette année, une nouveauté, elles seront parcourues en sens inverse.

   Et nous avons bien cru ne pas pouvoir les faire. En effet, au moment de démarrer le buggy au parc fermé de Sainte Suzanne, pas de souci en apparence, quand mon regard se pose sur le tableau de bord. L’état de santé batterie est dans le rouge. Pas toujours fiable, je fais un contrôle avec la tension batterie : 12.1v. Houla !! Nous avons un gros soucis, potentielle panne d’alternateur. Etonnant, le voyant de charge n’est pas allumé. Après un léger flottement, nous en déduisons que le régulateur ne joue pas son rôle correctement et qu’il faut accélérer un peu, le ralenti étant bas (< 1000 trs/min à froid). Un coup de gaz, ouf, la tension passe à 14.2v instantanément. Nous sommes tirés d’affaire !

ES7 : Loubieng 1 : bien réveillés

   Les écarts sont infimes au moment d’attaquer cette deuxième journée. En 2RM, nous sommes 7 équipages dans un mouchoir de poche en 17’’ seulement. Il va falloir se mettre dedans et rapidement. Tout le départ se fait dans les bois. Les écarts pourraient bien se faire d’emblée entre les arbres. Habituellement peu à l'aise sur ce type de terrain, ça s'annonce compliqué.

   Le départ en terrain dégagé nous aspire vite dans la grande portion de bois précédemment citée. C’est partie pour des équerres et des droites et des gauches en courbes qui s’enchaînent rapidement. Le rythme me semble très bon, mieux que d'habitude, et pas d’erreur. Quand le terrain se dégage, j’enchaine les rapports, pour les réduire aux moments opportuns. La confiance est bien présente, on est pas mal en ce début de spéciale.

   Tout le milieu de spéciale laisse place à des bouts de chemins entre-coupés de champs vallonnés. Du pur régale avec un moteur qui marche quand même super bien et un châssis qu’on arrive enfin à exploiter avec la prise de confiance du Gâtinais.

   Globalement le rythme semble très bon entre agressivité et respect des trajectoires « idéales ». Les dernières encablures sont prises quasiment à fond avec plusieurs sauts successifs pour finalement passer la ligne d’arrivée. Ouf…. Il fait très chaud dans l’auto et les yeux piquent avec la poussière. Je confie à Thierry : « Pwaaa je suis à bloc, je ne peux pas faire mieux avec mon niveau de pilotage, j’ai tout donné ».

   Point positif, le châssis encaisse super bien les trous, les marches et les bosses, nous sommes toujours bluffés même si nous commençons clairement à lui faire confiance et à se lancer avec de la vitesse dans des zones que nous évitions par le passé. Point négatif, nous avons toujours des dégeauges dans les courbes droites qui m’obligent à ne pas accélérer dans les grandes dérives, ce qui nous pénalise.

   Il fallait être dans le rythme ? Nous sommes dans le rythme ! 23ème chrono scratch toutes catégories confondues sur 105 équipages. Si on me l’avait dit, je ne l’aurais pas cru ! Le buggy fait un retour dans le temps de 30 ans... 7ème chrono de groupe et meilleur temps en 2.0L juste devant l’équipage Lendresse. Une performance exceptionnelle pour nous. Sur des terrains où nous étions généralement largués et relégués à plus de 1’ habituellement. Incroyable !



   Au général des 2RM, nous faisons la bonne opération puisque nous passons devant Tressaricq et Babaquy et nous confortons notre avance sur Cabé.

ES8 : Lanneplaa 1 : tout s’effondre

   Après une assistance sans encombre, nous reprenons la route pour l’ES8. Je connais bien la spéciale, je me sens prêt pour essayer de maintenir les temps réalisés jusqu’ici.

   Le début de spéciale est très propre, et pourtant très glissant mais le buggy est bien maintenu dans les rails. Arrive la partie de la spéciale qui m’inquiétais le moins, pratiquement. Une montée où il semblait juste suffisant de rester au milieu et d’appuyer sur la pédale de droite…

   J’essaye de m’appliquer, ça grimpe sur 15m et là, le buggy pivote de 15-20cm à l’arrière très subitement, je constate les dégâts, je ferme les yeux en me disant que ça devrait le faire et là on entend un grand « BAMMMMM »…..
   Le bruit est suivi d’une sortie de route sur la gauche où nous frôlons les arbres de peu. Crie de frustration dans le buggy mais aussi de peur d’avoir explosé le demi-train arrière gauche !! Sur le moment l’impact me semble très violent et l’arrière du buggy a clairement été projeté autant en l’air que sur le côté…. Aie aie aie !!!! Je m’en veux terriblement sur le coup, mais avec le recul, il n’y avait pas grand-chose à faire.

   Nous redescendons la pente sur quelques mètres et en avant. Dans ma tête, le buggy est minimum tordu à l’arrière. Et au volant les sensations ne sont pas extraordinaires. Le rythme est clairement tombé, et sans trop comprendre pourquoi, je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond. D’abord j’ai la sensation que le train arrière n’a pas le même équilibre qu’habituellement. Puis finalement, pas de mauvaise surprise dans son comportement, même si je sens toujours une lourdeur. Thierry sent bien que je suis perturbé et me supporte pour me dire d'oublier, de rouler et qu'on verra plus tard.

   Les kilomètres avancent et le rythme est revenu, jusqu’au second bois en fin de spéciale. Sur un gauche, un gros retour me fait sauter le volant des mains alors que je m’apprêtais à tirer le frein à main pour aider le buggy à mieux pivoter dans une zone très sinueuse. Rebelotte, nous sommes dans les choux encore une fois ! C’est un sketch, je suis encore sorti de la piste ! Marche arrière et c’est reparti. Raaahhlala quelle catastrophe, c’est pas possible ! Je suis vraiment en grosse difficultés dans cette spéciale.

   Autant dire que la confiance n’est plus du tout présente et la fatigue se fait sentir. Pourtant j’essaye de ne rien lâcher et certains passages sont menés avec un gros rythme et une belle prise de risque. Une fois la ligne d’arrivée passée, je dis à Thierry : « J’ai galéré physiquement, la DA doit chauffer, je sens plus trop l’assistance ».



   En finalité, quelle catastrophe dans cette spéciale. Nous tournons 25-30’’ derrière nos adversaires du week-end… avec le 45ème chrono au scratch, 11ème de groupe et 3ème de classe. Ce qui est fait est fait, même si nous savons que cette perte de temps aura son incidence en fin de course.

  Le chrono s’explique donc par 11’’ perdues sur la souche et 10’’ sur la seconde sortie de route. Mais après la spéciale, cette seconde sortie de route m’interroge. Avec la DA, c’est quand même étrange que je me soit fait échapper le volant comme cela. Nous regardons ensemble le tableau de bord avec Thierry, la DA est éteinte. Après visionnage, l’interrupteur a été switché sur off sans le vouloir lors de l’impact avec la souche en début de spéciale, expliquant le comportement suspect et la lourdeur de la direction ressentie.

ES9 : Loubieng 2 : à bloc

   Arrivés à l’assistance j’ai un peu peur de l’état du train arrière. Et en finalité rien n’est tordu, le chassis est comme neuf, la jante est nickel, la carrosserie est impeccable… Il s’est passé quoi ? Je n’y comprends rien. Nous avons dû prendre une souche ou une grosse racine alors, ou vraiment le pied d’arbre déterré par les concurrents précédents.

   Pour le reste pas de souci, tout est OK sur le buggy. Un coup d’essence, on souffle dans la cloche d’embrayage histoire de chasser la poussière et c’est bon.

   Côté classement rien n’est encore joué à 100%. Les deux premières du dimanche ont laissé des traces. Axel Zielinski, Pierre Bozom et Xabi Incagaray ont eu des soucis. Aller au bout sera encore compliqué. En revanche, Aurélien Cabé revient fort et Vincent Tressaricq est sur un bon rythme, il va falloir se cracher dans les mains si l’on veut essayer de se battre pour les places d’honneur. Jérôme Duparq est également en embuscade avec un très gros rythme.

   Pendant un gros blocage, à discuter entre pilotes/copilotes nous découvrons que nous ne sommes pas les seuls à avoir été piégés dans Lanneplaa par la souche. Harguindeguy a perdu gros également en descendant du véhicule tellement l’impact lui avait paru fort. Même l’intrépide Hugo Méliande se fera prendre au piège !

   Les moteurs sont relancés pour aller au départ de la spéciale. 5…4…..3………..2………………1………..GO ! C’est parti, on donne tout et on verra pour la dernière ce que l’on fera. Quel plaisir dans le buggy. Je connais les bois comme ma poche sur la première partie de spéciale, il y a beaucoup de rythme. La spéciale est encore plus plaisante qu’au premier passage en anticipant quelques risques et éléments non retenus lors des reconnaissances.

   Le rythme est encore un cran au-dessus dans les dévers et partie vallonnées par rapport au premier passage. Ça saute aux ciels, ça glisse dans les champs, un vrai plaisir au volant. Qu’est-ce que c’est grisant dans celle-ci ! Une vraie spéciale de TT.

   Toujours gênés par quelques dégeauges dans certaines portions, nous prenons notre mal en patience en laissant filer quelques secondes. Sur un gros rythme d’un bout à l’autre, nous voici à l’arrivée de la spéciale. Je suis en nage dans la combinaison, difficile pour moi d’aller chercher un meilleur chrono. Pas grand-chose à jeter dans celle-ci.

   Ça se voit sur le chrono. Nous faisons une nouvelle fois le 23ème temps général scratch sur 91 autos. En 2RM, c’est le 4ème temps qui nous attend sur 21 véhicules. Nous sommes 2ème en 2.0L à 1.5’’ de Lendresse qui signe le scratch de la classe. Loubieng nous aura donc particulièrement réussi.



   Le général évolue encore, voire se chamboule. Lendresse, Garicoix et Duparq bloqués dans une spéciale sont toujours derrière nous, mais devrait repasser devant. Aurélien Cabé a signé un super temps et nous passe devant. Nous reprenons 13’’ à Vincent Tressaricq qui a encore une grosse avance sur nous (28’’). Goni, lui, s’est arrété dans la spéciale sur soucis de ventilateurs. Il perd gros sur la fin de rallye. En finalité nous sommes 8ème de groupe avant les deux dernières spéciales mais seulement à 13’’ de la 4ème place !!

   C’est à ce moment que nous avons la confirmation : les deux dernières spéciales ne se feront pas. Il n’en reste plus qu’une seule pour en découdre !! Houla, ça nous complique la tâche.




ES 10 : Lanneplaa 2 : tout donner pour ne pas avoir de regrets

   A l’assistance avant la spéciale, nous nous préparons à mettre toutes nos forces dans la bataille. Nouveau filtre à air propre, préparé la veille dans le cas de ce type de situation. Le moteur aura ses chevaux déjà.

   Nous arrivons au départ avec une longue pause en parc de regroupement. Le décompte est donné, 2min, 1min, 30s….. les secondes défilent et GO !! On soude la pédale de droite, c’est parti pour le jubilé du rallye ! Pas de connerie, on reste propre et au plus rapide.

   Cette fois ultra prudent dans la fameuse montée maudite du premier passage, j’en laisse un peu pour monter bien en ligne. Ca paaaaaasssssse ! Par contre la montée est bien rude… ça mouline, le moteur donne, je dose et nous sommes presque à nous arrêter 5m avant le sommet. Je balance le buggy de droite à gauche comme je peux en tournant le volant d’un côté à l’autre et le buggy arrive finalement à s’extraire de la poussière pour reprendre de la vitesse !! Ouf !!

   Nous arrivons sur le saut de Lanneplaa ! 1ère à bloc, 2ème pareil, 3ème, on met le gaz à 100% pour une belle envolée devant nos supporters du WE Théo, Abel, Antoine, Manon et Alex. Le rythme est là, je mets ce que je peux tout en économisant la mécanique sur les parties qui demandent beaucoup de relances dans le défoncé.

   A mi-spéciale, Nicolas Lendresse est arrêté à une sortie de bois qui nous rappelle que le rallye n’est pas encore terminé. La fin de spéciale approche, et je reste parfaitement concentré sur ma tâche. Dernier long gauche entre maïs et fossé, droite à fond et c’est fait !!!! Le cœur bat à 2000, les dents croustillent mais surtout les poings sont serrés dans le buggy pour Thierry et moi. Nos mains serrées s’accompagnent de beaucoup d’émotion pour l’un comme pour l’autre. Nous l’avons fait ! Un rallye exceptionnel avec des conditions très difficiles, mais nous sommes bien là.



   Malgré une montée quasi impossible nous faisant perdre plusieurs secondes par rapport au premier passage, et un terrain très creusé, nous améliorons de plus de 27’’ par rapport à notre premier passage. Le chrono est très bon, nous sommes 28ème sur 80 au général, 7ème sur 20 à 7’’ du podium en 2RM et meilleur temps en T1B2.




   L’arrivée sur Sainte Suzanne pour entrer dans le parc fermé final est très intense pour moi. Thierry m’a donné l’opportunité de rouler sur un rallye complet. Quelle chance et un soulagement aussi d’avoir relevé le défi et ne pas avoir gâché cette opportunité. C’est fait, le buggy est maintenant au parc après avoir rendu le carnet !

Conclusion : un week-end de rêve

   Pour bien conclure ce rallye, nous avons le plaisir de pouvoir échanger avec la famille du TT autour d’un verre, un peu agité pendant plusieurs minutes avant que le calme habituel ne reprenne ses droits. L’occasion de remercier nos assistants d’un WE, Eric et Geoffrey sans qui nous n’aurions pas pu courir, encore merci pour votre aide ! D’un point de vue personnel, les nombreux retours et félicitations de plusieurs pilotes/copilotes sur notre rythme pendant la course me font super plaisir, de la part de personnes qui connaissent le milieu.

   Nous finissons finalement 24ème au scratch sur 77 (127 au départ), 6ème du groupe 2RM sur 20 véhicules (35 au départ) et nous empochons la victoire en 2.0L en finissant 1er sur 10 véhicules (18 au départ) avec un peu de réussite certes, mais également avec de sacrées autos derrière nous. Une magnifique performance sur notre conception personnelle dont nous ne sommes pas peu fiers après plein de retours hypers positifs de plusieurs pilotes connaisseurs également sur le comportement du châssis notamment.

   Pour nos supporters venus sur le bord des pistes, l’expérience aura aussi été belle, même avec quelques spéciales annulées. Les soirées avant et pendant le rallye resteront aussi dans les mémoires comme des supers moments partagés entre passionnés de mécanique et bons vivants.
Grosse satisfaction également de voir que nos améliorations après le rallye du Gâtinais auront porté leurs fruits et nous auront récompensé après tout le travail et les heures encore passées par Thierry et moi pour emmener ce petit buggy encore un peu plus haut.

   Un petit « bémol » reste quand même dans le coin de notre tête avec cette souche insidieuse qui nous aura coûté une trentaine de secondes dans l’ES8 alors que nous échouons finalement à 26’’ du podium de la catégorie. La surprise et la joie aurait alors été incroyables d’aller mettre notre buggy n°260 sur le podium sur ce rallye.

   Enfin, au-delà de tout ça, plus haut, bien plus haut et bien visible samedi soir sous un ciel dégagé, notre bonne étoile était bien présente pour nous voir rouler en père et fils et écrire une nouvelle page de notre passion commune, ensemble. Encore un peu de cette magie pour continuer à faire briller notre meilleur supporter, qui nous manque tellement, mais qui reste avec nous malgré tout à chacune de nos arrivées, en espérant le rendre fier.

   Clap de fin donc, pour ce qui restera comme un rallye réussi et haut la main ! Pour le prochain rendez-vous, direction la Charente Maritime et le fameux Dunes et Marais pour essayer d’aller encore titiller les cadors de la catégorie, si nous le pouvons, même si le plateau sera très probablement ultra compétitif comme il l’est déjà depuis plusieurs années près de Royan.
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