Nous y sommes, le samedi pointe le bout de son nez, et ce sera à moi d’aller trouver le rythme en premier sur la piste en m’occupant des deux premières spéciales.
ES2 : 2 luy : piégeuse et neutralisée
Avant de prendre le départ, beaucoup de liaison. Sur la route, nous avons le temps de nous apercevoir que le temps reste très menaçant. Une partie de la liaison passe dans un bois. Le terrain est ultra piégeux et c’est à se demander l’état de celui qui nous attend en spéciale.
Arrivés au départ de la première, tous les buggys sont là… aie aie aie ça sent le gros blocage cette affaire. Tellement que la spéciale est neutralisée, il faudra la passer au ralenti. Ce sera l’occasion de refaire un tour de reconnaissance en conditions quasie-réelles.
Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle aurait fait du mal cette spéciale. Tout le départ reste propre et roulant, pas de soucis. Mais une fois entamée, la portion dans les champs de maïs est ultra piégeuse. De la glisse en pagaille entre maïs d’un côté et fossé de l’autre, même au ralenti cela reste piégeux.
La première est donc faite « gentiment » pour rallier l’arrivée.
ES 3 : Chalosse, plaisir
Après une séance d’échauffement dans la première du jour, place à la seconde. Et cette fois pas de blocage. Le décompte est donné, je me concentre pour bien rentrer dans la course. Go ! C’est parti. Le buggy est scotché au sol…. Le terrain est ultra glissant sur le départ, je dose, ça finit par bouger.
Tout le départ reste malgré tout assez roulant, je connais bien les enchainements de virages malgré le peu de reconnaissances. Vrai plaisir de conduite dans ce début de parcours. Le châssis va quand même très bien dans des portions très accidentées. Les réglages des trains après les quelques rallyes réalisés commencent à se sentir.
Nous arrivons dans une portion dans un sous-bois que nous savons pas très belle. Pleine de boue, avec des trous piégeux. Dans un droite pourtant anodin, je manque de me faire surprendre. Le buggy est recouvert de boue et est projeté en extérieur de virage. Le lave glace tarde à venir, nous perdons 2-3 secondes dans l’affaire le temps de nous relancer. Toute la ligne droite qui suit est prise mi-gaz, ne sachant pas ce que donnera le châssis dans une portion pareille. Deux trous sont à éviter de mémoire, mais passent finalement très bien. Toute cette portion aurait pu être prise pied au plancher… dommage.
Nous sortons finalement du bois, grosse courbe rapide après un bon bout de ligne droite où je lève encore un peu trop… Tout le reste de la spéciale est typé rapide, un peu comme un Dunes et Marais. Je suis très à l’aise dans ces portions et doit rattraper un peu de temps après un milieu de spéciale prudent.
Toute l’arrivée est super avec du public en pagaille et un terrain vraiment sympa. Ca comprime, ça saute, ça glisse, ça monte, ça descend, un régal. Nous passons finalement la ligne d’arrivée en 7.33’’.9. Le rythme était quand même bon, même si on peut peut-être aller chercher entre 5’’ et 10’’ en améliorant quelques portions flagrantes où le rythme était en dessous.
Cela nous permet tout de même de décrocher la 11ème place sur 20 des 2RM à 23’’ du leader et le 34ème temps au général sur 70 à moins d’une minute de la tête de course. Belle mise en jambe donc tout de même pour cette journée du samedi, pourvu que ça dure !
ES 4 : Herrere entre chaud et froid
Avant d’attaquer Herrere, petite inquiétude à l’assistance. Le cardan droit commence à prendre un peu trop de jeu à notre goût. Petite alerte donc, à surveiller pour la suite.
Dans celle-ci, Thierry prend le volant et je tâcherai de copiloter au mieux sur un terrain qu’on ne maitrise pas énormément niveau connaissance du terrain.
Le départ est donné, pas de blocage, et ça part très fort sur le goudron. Toute la première boucle est vite avalée, Thierry est parfaitement dans le rythme avec une bonne attaque. Viennent ensuite des portions dans les champs avec des virages un peu aveugles, ça jardine un peu mais rien de grave.
Quelques centaines de mètres, première alerte. Dans un 90G qui revient dans un bois en descente, nous abordons le virage avec une trajectoire trop large et de surcroit, le terrain est glissant à cet endroit. Nous faisons une mini sortie de route, l’arrière vient descendre dans un fossé, et remonte sur le chemin après un gros « crack » mélangé à un « blang »… Ouf, c’est passé, mais ça a tapé assez fort, nous constaterons les dégâts à l’arrivée.
La spéciale continue et le rythme baisse après cet évènement. Les virages sont subtiles et ferment par endroits. Nous sommes entre sous-vitesse à certains endroits et sur-vitesse à d’autres, ce qui n’est jamais bien bon ni pour les chronos ni pour rester en piste.
Sans prendre énormément de risques malgré tout, nous voici proches de l’arrivée, ciel haut à fond sur chemin gravillonné, ça passe… mais derrière un droite rapide nous fait partir en travers. Nous sommes furtivement en travers de 25-30° à 140-150 km/h sur un chemin en graviers. C’est pas le moment de lâcher… Après quelques dixièmes de seconde, le buggy se redresse et est enfin maitrisé. Grosse frayeur avant d’aborder la fin de spéciale et d’enfin franchir la ligne d’arrivée.
Niveau chrono c’est pas mal même si le manque de connaissance du terrain nous fait perdre énormément de temps. Nous faisons le 42ème temps sur 65 et 12ème sur 19 des 2RM
ES 5 : c’est l’abandon
Après l’ES4, pas vraiment de soucis sur le buggy. Le choc dans le fossé à un peu éclaté le caisson droit sur sa partie arrière, mais le châssis n’est pas touché. En reprenant le volant, je me rends compte que la DA est éteinte. Thierry l’ayant basculé sur OFF par mégarde en pilotant dans la spéciale précédente. Le temps de faire les check habituels et c’est reparti pour aller faire les 2 luy que l’on avait manqué au matin. Et une fois au départ, rebelotte, bon nombre de buggys sont présents pour nous accueillir parmi eux. Oh non, elle ne va quand même pas être encore annulée ?!
Eh bien non ! Ni le terrain encore gras, ni les nuages noirs, ni la pluie intermittente n’y feront rien, la spéciale aura bien lieu, pour notre plaisir. Cela me plait bien d’attaquer cette spéciale avec les portions glissantes sur le final. Ce sera une occasion en plus d’en apprendre sur le comportement de notre mécanique sur le glissant (différent du boueux Dunes et Marais 2020).
Je suis prêt, Thierry aussi, le décompte est donné et c’est parti ! J’apprécie beaucoup le début de spéciale et l’ai parfaitement en tête avec ses pièges également. Le rythme est très très bon, difficile de faire beaucoup plus fort avec notre mécanique. Ca glisse, mais ça passe proprement à chaque fois, jusqu’à une équerre droite précédant une longue ligne droite. Dans cette équerre, je sors un peu large, ne comprenant pas trop ce qu’il se passe. L’herbe du chemin doit être humide ?
A la ré-accélération, le train avant se cherche un peu comme cela peut des fois arriver sur des chemins un peu sablonneux. Pris par l’adrénaline et la concentration du reste du parcours, je ne m’en rends pas forcément compte. Arrivés en 3ème environ, Thierry me dit quelque chose à l’intercom. Le moteur est au rupteur, impossible de comprendre ce qu’il me dit. Je continue de faire monter les rapports, nous sommes en fond de 4ème, tout va bien, le virage à gauche à prendre en 5ème approche.
Je me prépare à passer le rapport supérieur quand soudain, le train avant décroche subitement et tourne à droite tout seul. Je contre braque, je sur-braque de suite avec mon bras gauche mais rien à faire, l’attraction est trop fort côté droit. Nous sortons de la piste par la roue avant droite qui vient heurter un passage de pont permettant d’accéder au champ. Par la résistance du choc, le buggy pivote en lacet dans le sens horaire et prend beaucoup de roulis d’un seul coup manquant de nous faire partir en tonneaux. Nous voici rapidement tournés en face du maïs. Le buggy manque de se retourner mais garde une belle glisse face en maïs, tout en passant le fossé dans le même temps.
Alors que la glisse semble durer plusieurs secondes, nous nous disons que nous allons en rester là quand subitement, nous sentons le côté gauche buter contre quelque chose. Le buggy ne peut rester en glisse, nous allons partir en tonneau. Pas manqué, nous faisons un tonneau pour venir nous reposer gentiment sur les 4 roues, terminant notre sortie de route et scellant notre sort dans ce 20ème Rallye Orthez Béarn.
La sortie est spectaculaire mais pas violente. J’entend Thierry me parler de suite, voire même pendant le crash, je ne m’inquiète pas une seule seconde de son état. L’heure est surtout à l’incompréhension dans le buggy quant à savoir ce qui a lâché, pourquoi et comment. La deuxième source d’inquiétude, surtout pour moi, est de voir l’état du buggy et de la charge de travail que cela constituera.
Après expertise, le scénario le plus probable avec les moyens dont nous disposons reste la casse de la rotule de suspension supérieure gauche dans l’équerre droite avant la sortie de route. Les traces sur la jante et le triangle semblent indiquer que la rotule a cassé, entrainant une prise de carrossage importante qui n’a néanmoins pas de suite déstabilisé le buggy. Un équilibre instable formé par le contact entre la jante et le triangle supérieur a permis de rouler en ligne droite tant que le moteur était en charge. Au moment de lever le pied, cet équilibre instable, perturbé par le transfert de masse vers l’avant a probablement été rompu faisant braquer la roue gauche vers la droite, entrainant l’accident décrit plus haut.
D’un point de vue humain, pas de soucis, pas de bobo. D’un point de vue matériel, la carrosserie a bien morflé et certaines pièces sont tordues ou arrachées, notamment concernant le demi-train avant gauche. La rotule inférieure a été scindée en deux et la roue est venue de coincer sous le buggy, tordant la biellette de direction et les rotules associées avec elle.
Après le constat, la remise en piste. Avec l’aide de bénévoles précautionneux et d’un tracteur efficace et bien équipé, le buggy retrouve finalement la piste en un seul morceau.
Un changement de rotules de suspension et le voilà remis sur roues. Il faudra tout de même remettre tout cela à neuf pour la prochaine course.
Rien de tel que des petites binouzes bien méritées pour remercier ces Messieurs pour leur aide pour nous sortir de ce mauvais pas. Santé !
Conclusion :
Après des reconnaissances plus que difficiles, surtout pour moi, le rallye était bien parti avec des chronos bien plus rapides que ce que nous pouvions faire il y a 2 ans pour la sortie du véhicule. Avec en moyenne environ 30’’ de moins par spéciale (basé sur les temps du dimanche des véhicules avec qui nous roulions), cela reste malgré tout de bon augure pour la suite.
Il nous reste pas mal de travail avant le Dunes et Marais 2020, mais cela sera aussi l’occasion d’améliorer un peu le montage des rotules de suspension.
Merci à tous ceux qui nous auront suivi pendant cette course, à toi Papa pour ton travail et à notre Chef Assistant, Gaëtan sans qui nous n’aurions pas pu courir une nouvelle fois, merci Cousin, heureusement que tu es présent pour nous aider !
Maintenant au boulot, et nous comptons bien évidemment sur notre bonne étoile, là-haut, pour nous aider dans cette tâche et nous motiver à revenir plus forts pour Dunes et Marais 2021 !
A bientôt pour de nouvelles aventures, toujours dans le proto Méchin !!