Après une nuit difficile pour moi, ça y est ! Nous y sommes ! Les jambes commencent à trépigner, le cœur s’accélère au moment de l’approche des 8h55 synonymes de sortie de parc fermé pour nous. Nous partirons à la fin du premier groupe de 2RM, profitant de notre 11ème place au Championnat de France. Il va falloir assumer notre statut car nous partons avec des Top Autos devant nous.
Les moteurs prennent vie, certains moins que d’autres d’ailleurs… l’occasion pour nous d’avoir le petit stress de savoir si nous ferons partie de ceux-là. Pas cette fois heureusement… Courte assistance intense à Sault pour ensuite se diriger vers le départ de l’ES1, avec déjà les gouttes sur le front causées par une liaison un peu limite niveau timing. Qu’importe, les buggys s’installent sur la ligne de départ et défilent, jusqu’à notre tour.
ES 1 : Sault Sallespisse 1 : belle entrée en matière
1 minute… 30 secondes… 15 secondes. On débraye, frein à main, on passe la première accompagné d’un bruit de crabot…. 10…..9……8…..7……6……..5…….4…..3….2…1… GO !! Le moteur prend déjà bien ses tours, impeccable ! Pas trop de poussière, pourtant très attendue par les organisateurs qui se tâtent d’instaurer 2 minutes entre chaque autos, probablement synonyme de suppression de spéciales, vu le nombre d’équipages engagés.
Le rythme est super bon en ce début de spéciale. Je suis sur un bon niveau de confiance tout en faisant ce qu’il faut pour ne commettre aucune erreur irréversible en ce début de rallye. Quelques portions peuvent être légèrement améliorée, comme les bouts de goudron, mais globalement je pense quand même bien exploiter le potentiel du buggy.
La tringlerie de boîte est parfaite, aucun jeu abusif, aucune approximation du levier, tout est parfait. La zone publique est précédée d’un bout de champ rempli de fech-fech (poussière fine de terre) qui nous emmène vers cet espace entre bosses et compressions à haute vitesse… un régal pour les spectateurs mais aussi pour nous dans l’habitacle. En 4ème entre 110 km/h et 120 km/h, le buggy est en glisse et se comprime parfaitement pour avaler les aspérités de la route.
Les gros pièges sont évités, parfois avec un peu de réussite, mais globalement la maîtrise est bien là. Et cela se voit au chrono. Nous réalisons le 39ème temps au général sur 118 véhicules, 10ème sur 29 en 2RM et 4ème sur 16 en 2.0L. Très très belle performance pour attaquer cette course très relevée. Au moment de voir les chronos, je me rends compte qu’on accroche des Top 2RM emmenés par des pilotes rapides et réguliers. Goni, Cabé, Babaquy, Duparq sont dans les mêmes chronos que nous à environ 30’’ de Yann Clévenot généralement intouchable et davantage dans les 1’00’’/1’30’’ devant nous habituellement. Belle entrée en matière donc sur ce rallye.
ES 2 : Balansun 1 : le rythme se confirme
Balansun s’annonce un peu plus typée rapide, comme on aime. A l’assistance, pas grand-chose à noter. Le tout nouveau joint spi de vilebrequin a l’air de tenir le choc, aucune fuite d’huile à la cloche d’embrayage, c’est une excellente nouvelle ça ! Les autres vérifications habituelles sont faites, rien de bien méchant.
Encore une courte assistance pour se mettre dans le bain. J’ai très envie d’attaquer cette spéciale, le plaisir au volant est bien là. Quel régale d’avoir la chance d’être là.
Le départ est donné et déjà un bout très rapide avec trois courbes successives entre herbe et empierré. Compliqué à négocier sans perdre de temps. Le chemin est criblé de pierres et de poussière, méfiance, les fossés ne sont pas loin.
La spéciale se passe très bien, sur un très bon rythme. Certaines zones sont perfectibles mais on se dirige vers un beau chrono à priori. Petite chaleur en milieu de spéciale quand même. Sur un passage de route, la pédale d’accélérateur est généreusement activée. Le cul s’envole un peu mais le châssis encaisse bien la retombée. Pas de bobo mais il faudra faire plus doucement sur le deuxième passage pour ne pas aller chercher la casquette évitable. Au moment de passer la ligne d’arrivée, un drapeau jaune est agité. Je termine sans trop de gène en gardant du rythme tout en comprenant qu’il s’agit d’une sortie de route d’un des concurrents justes après la ligne d’arrivée.
Niveau chrono, c’est pas mal du tout. Nous sommes toujours dans le wagon de tête dans notre catégorie. 37ème sur 113 au général devant de grosses autos, nous ne pensions pas être à ce niveau de performance. Nous pointons 10ème sur 28 du groupe 2RM qui prouve une nouvelle fois la vélocité de cette catégorie avec 10 autos dans les 37 premiers du classement.
Dans notre classe, nous réalisons le 3ème temps qui nous fait passer 3ème également au général provisoire sur 15 autos encore en compétition.
ES3 : Sault Sallespisse 2 : compliquée mais belle
A l’assistance, rien d’extraordinaire, si ce n’est un peu d’inquiétude concernant la filtration de l’air des moteurs. J’observe un peu autour de moi et les filtres à air sont tous plus remplis de poussière les uns que les autres. Pourvu que notre système de filtration avec les mousses ITG soit efficace. Nous décidons de démonter la boite à air et surprise, le filtre n’est pas si sale que ça. Il a clairement pris de la poussière mais ce n’est pas trop mal. Nous le conservons pour aller rouler dans celle-ci.
Côté mécanique, RAS mis à part que les freins donnent de légers signes de fatigue, probablement par la chaleur accablante bien présente sur le parc ainsi que sur la piste. Les disques ne sont pas forcément plus chaud à l’avant qu’à l’arrière. Cela vient également confirmer les réglages réalisés sur la balance AV/AR qui penchait clairement sur l’avant au Gatinais causant des surchauffes et un caractère très sous-vireur au freinage.
Au moment de repartir, la Direction de Course prend une décision forte : il n’y aura plus de départ toutes les minutes. En effet, en raison de la poussière de plus en plus présente au fur et à mesure des passages, nous partirons toutes les 2 minutes. Cette décision s’accompagne donc de l’annulation de la toute dernière spéciale du samedi, que le timing ne pourra bien entendu pas contenir, du fait du nombre élevé de concurrents.
C’est donc après plus de 1h30 de pause et la sortie du regroupement que nous nous dirigeons vers le départ de l’ES3, en début d’après-midi. L’occasion pour moi de me remettre dans le coup et de me reconcentrer.
Le départ est donné et il est flagrant que la Direction de Course a pris la bonne décision. D’abord très sceptique, je suis bien content de pouvoir rouler dans des conditions favorables pour profiter au mieux des supers tracés proposés par l’organisation.
Globalement, le rythme est un cran au-dessus de ce qui avait été fait au premier passage. Je m’efforce d’améliorer les passages que j’estimais être trop faibles pour essayer d’en mettre un peu plus. D’un autre côté le terrain est largement plus creusé ! Ça frotte, ça tape de partout, du vrai rallye TT avec des portions largement recouvertes de fech-fech.
La zone publique est toujours aussi impressionnante avec ses grandes courbes tout en dévers et en compressions successives, vraiment grisant au volant.
La dernière partie de la spéciale s’avère plus compliquée. D’abord projeté dans un maïs suite à un énorme trou qui m’arrache le volant des mains, toute la partie finale est très creusée et pleine de poussière. Thierry et moi prenons des sceaux de poussière à travers les filets malgré mon application à rester dans les traces pour éviter d’en lever davantage.
Sur la dernière portion de bois, j’ai des grosses difficultés avec mes yeux qui sont remplis de poussière, même les respirations sont perturbées et irrités par la poussière inhalée pendant la conduite. Encore quelques mètres, on donne tout pour aller franchir la ligne d’arrivée !
C’est fait ! Quelle spéciale, je suis très essoufflé et la cagoule n’est pas loin de gouter. Ça tousse, dans l’habitacle, quelle spéciale !
Au chrono, nous restons à la lutte avec le 40ème temps au scratch, 11ème des 2RM et 2ème des 2.0L qui nous rapproche de la même position au général provisoire de notre classe. Nous restons 10ème en 2RM à seulement 10’’ du 7ème après presque 20’ de course. Incroyable.
ES4 : Balansun 2 : toujours aussi plaisante
RAS à l’assistance, sauf pour notre filtre à air qui commence à légèrement subir les affres de la poussière. La décision est prise, si jamais il y a un autre tour après celui-là, nous changerons le filtre.
C’est partie pour aller au départ, toujours sous un soleil de plomb et un vent timide. Bien trop timide pour écarter la poussière sous la minute.
Un peu comme pour l’ES3, je m’efforce de garder le bon et de corriger le moins bon. Globalement la piste n’a pas énormément creusé, mais sur certaines portions dans les bois la poussière passe par-dessus le capot et vient nous caresser le visage ainsi que celui du filtre à air, très probablement. Aie aie aie….
La spéciale est vraiment superbe, avec un passage très chaud au passage d’une clôture tout en dévers en 5ème et un saut suite à une bosse en sommet de côte. Quelle sensation de vitesse, mais aussi quelle prise de risque pour essayer d’aller grapille quelques dixièmes sur la concurrence. La zone publique est bien négociée même si les trajectoires ne sont pas aussi propres que je l’aurais souhaité. Une enfilade le long du bois et c’est l’arrivée ! La deuxième boucle est bouclée. Quel rallye pour le moment !
Plutôt en mode métronomes, nous sommes 39ème du général, 10ème des 2RM et nous réalisons le scratch en 2.0L dans cette spéciale devant de très grosses autos. Belle performance. Notre 2ème place au général de classe est bien assurée avec plus d’une minute d’avance sur notre plus proche poursuivant au général.
ES5 : Sault Sallespisse 3 : oui mais non
Nous sommes de retour en parc de regroupement et nous commençons sérieusement à douter que nous puissions en sortir pour aller rouler la dernière de la journée. En effet, des rumeurs commencent à se rependre comme quoi un 4x4 et un SSV auraient eu des soucis dans cette spéciale, causant des blocages.
S’en est trop pour le bon déroulé de la course. Déjà trop de temps de perdu avec les 2 minutes, ces retards contraignent la Direction de Course à neutraliser cette spéciale. Quel dommage de ne pas avoir l’opportunité de rouler davantage sur cette journée du samedi, mais il en est ainsi, dû à des conditions de course très très compliquées sur ce début de week-end.
Tout ceci nous donne l’opportunité de changer notre filtre à air et de conserver toutes ses facultés pour le dimanche matin. Au moment de retirer le filtre « sale », effectivement, il est complètement obstrué mais à parfaitement réalisé son rôle. A l’intérieur de la pipe, pas une poussière, aucune particule n’est collée sur la graisse placée autour des cônes pour vérifier la bonne étanchéité de notre système de filtration.
En plus du filtre neuf, nous décidons de poser une monte neuve de pneumatiques sur le train arrière pour le dimanche. En effet, les spéciales sont longues et nous sommes toujours en course pour réaliser une belle performance ce week-end. Le terrain n’a pas l’air trop abrasif, nous comptons sur le fait que les pneumatiques puissent réaliser de belle performance tout en étant suffisamment bien conservés pour rouler sur du sec sur un prochain rallye.
Un bon dégraissage sur le routier et ils arrivent fins prêts pour l’entrée au parc fermé du samedi soir. Partis dans le premier groupe des 2RM avec les meilleures autos de la catégorie, nous avons relevé le défi et avons tenu la dragée haute à de pilotes pourtant 30-40-50’’ devant nous sur les précédents rallyes.
Quelle fierté de hisser notre prototype au 10ème rang des 2RM sur 29 le samedi soir, et 2ème de classe sur 12. Au général, nous nous plaçons à une belle 39ème place sur 98 (qui est en fait une 33ème place, des temps forfaitaires inégaux ayant été donnés aux 4RM et aux 2RM (+36’’ aux 2RM)).
Encore une fois, belle ambiance à la buvette et plus tard sur le bivouac pour échanger sur la journée et profiter de ces beaux moments de convivialité. La viande était bonne, les patates aussi, pour le plus grand plaisir de nos néophytes venus pour la journée.