Et c’est reparti pour une nouvelle journée. Nous avons la chance d’être encore en course, il faut en profiter. Concernant les conditions de la première spéciale, nous nous tâtons avec Thierry. Nous avons 2 pneumatiques gras neufs en stock et nous nous demandons si cela vaut le coup de les monter. Nous tentons finalement le coup, histoire de voir s’ils peuvent faire une différence, en nous disant qu’au pire la spéciale les dégraissera pour un futur usage.
Le mot d’ordre sera d’essayer de bien rouler sur les deux premières et voir ce que ça peut donner niveau chrono. S’il y a un vrai écart nous pousserons, sinon ça sera roulage, prise d’expérience et plaisir à jouer avec le buggy.
ES7 : attaque pour voir
Thierry prendra donc le départ en essayant d’aller chercher un bon chrono. Le départ est donné et le rythme est plutôt bon d’autant que le terrain est changeant et potentiellement piégeux par endroits. En effet, sans forcément paraître trempé, certaines zones n’en demeurent pas moins glissantes alors que les cent mètres précédents étaient très roulants. Difficile donc de trouver un rythme permettant à la fois d’être à l’attaque tout en ne risquant pas de tout perdre par endroits. Certaines zones restent perfectibles avec des freinages un peu précoces sur des zones goudronnées ou en pleine terre. Il y aura moyen de gratter sur le passage suivant.
On sent clairement que sur certaines accélérations les pneus grattent bien sur le train arrière. Nous avons probablement bien fait de monter les pneumatiques neufs.
Au niveau du chrono, nous restons au contact sans forcément en profiter pour reprendre du temps. Nous sommes néanmoins en embuscade en cas d’un petit pépin de la concurrence. C’est le 23ème temps au général et le 3ème en 2Rm juste derrière Jean-Michel Séguineaud.
ES8 : nouveau scratch
Après une assistance très calme, c’est à mon tour de prendre le volant. Même stratégie pour moi, essayer d’aller chercher un peu de temps sur les buggys présents devant nous.
Les premiers mètres sont déjà très sympathiques avec pas mal de public sur le bord de la piste. Le rythme est bon et le buggy fonctionne parfaitement. Toujours autant de plaisir à piloter avec cette fois une vraie prise de confiance dans les freinages et le comportement général du buggy.
Ce rallye sur le sec est une très bonne école pour apprendre le comportement du buggy sur les gros freinages ainsi que sur ses réactions sur les portions de goudron ou de sols lisses en terre. Certaines portions plus larges permettent de bien s’amuser sans trop de risques.
Pas trop de bêtises sur cette spéciale hormis une épingle avec un peu trop de survirage et un freinage très optimisé après un grand bout de ligne droite sur un empierré blanc très poussiéreux au niveau de la zone finale de frein. A l’arrivée le temps est très bon puisque nous sommes juste devant Sébastien. En revanche, les écarts sont très peu significatifs, pas de quoi rattraper notre retard pris la veille notamment suite à nos soucis de boîte.
En attendant, le plaisir est tout de même là de voir nos noms en haut de la feuille des temps en 2RM pour la deuxième fois du WE.
Le chrono nous place 17ème au général sur 50 concurrents ce qui reste une très belle performance.
ES9 : ça aurait pu être pire
Nous rechaussons les pneus usés pour finir la journée, l’avantage ayant probablement été très limité dans la spéciale précédente qui avait déjà bien séché dès le premier passage avec quasiment aucune zone glissante.
Nous avons beaucoup de retard au temps général du rallye en 2RM, nous essayerons donc de rester au contact tout en économisant la mécanique.
C’est parti dans cette spéciale, Thierry gère bien le début jusqu’à une zone dans les bois. Sur une équerre gauche, nous arrivons trop vite pour prendre le virage et rapidement, le buggy se dirige vers un premier fossé, lui-même positionné en face d’un autre fossé. Nous sommes un peu en galère. Tout se déroule très vite, Thierry arrive habillement à éviter de trop rentrer dans le fossé de gauche tout en faisant tourner le buggy sur le chemin, en évitant le second fossé, à droite, en jouant de l’accélérateur et du frein à main. Nous venons de frôler la correctionnelle. Ouf !
Sur le virage d’après, une autre équerre, Thierry, probablement tracassé par l’événement passé, percute un bidon à la corde. Rien de bien méchant, le bidon étant vide. Plus de peur que de mal jusque-là mais il va falloir arrêter les bêtises sur le reste du parcours. Le rythme revient gentiment au fur et à mesure tout en gardant une bonne marge. A noter que le terrain a quand même bien évolué. Certaines zones de freinage commencent à onduler et le châssis montre une nouvelle fois de belles choses.
La fin de spéciale est en vue et c’est un dernier saut qui clos cette ES9 avec un modeste 30ème temps au scratch sur 49 autos classées.
ES10 : on continue
Je reprends le volant pour aller valider la deuxième boucle de la journée. Le mot d’ordre reste de ne pas faire de bêtise, je m’y emploierai.
Je garde un peu plus de marge qu’au premier passage en soulageant dans les zones creusées. Je m’amuse également un peu plus sur les zones larges en essayant de balancer un peu plus le buggy et jouer encore un peu plus avec l’équilibre.
Les quelques erreurs du premier passage ne sont pas reproduites et en finalité le chrono est comparable. Cette fois nous faisons le 2ème chrono en 2RM à 1.2’’ de Sébastien Lafleur et une nouvelle fois 17ème au général.
ES11 : je m’en charge
A l’assistance, Thierry décide de me laisser le volant pour les deux dernières spéciales pour que je puisse me faire plaisir et rouler pour la première fois dans Pannes. Je ne me fais pas prier pour accepter, la décision lui revenant.
Je vais donc avoir l’occasion de rouler dans Pannes et de voir ce que donne ce premier passage face aux autres concurrents sur leur 3ème, ayant tout de même profité des enseignements des deux premiers en copilote.
Bis repetita pour cette spéciale, nous gardons une petite marge tout en prenant plaisir avec des beaux passages en économisant la mécanique tant que possible dans le défoncé. Cette spéciale est aussi très belle et la ligne d’arrivée est très vite arrivée. Et la formule paye puisque c’est un nouveau scratch. Sébastien ne semble pas vraiment vouloir lâcher de terrain malgré tout. C’est le 21ème temps au général pour nous.
ES12 : finir en beauté
Après la dernière « vraie » assistance, nous revoilà au départ pour la toute dernière spéciale du rallye. Nous sommes toujours 3ème en T1B au général et nous sommes à 12km de monter sur un podium en père et fils. En 2RM, rien à jouer, nous sommes trop loin des équipages devant nous.
Pas forcément de pression particulière pour moi donc au début de spéciale mais plutôt l’envie de garder la concentration et rouler proprement.
Départ plutôt prudent avec les grands fossés. Le public est nombreux pour cette dernière, c’est quand même super sympa de voir les gens venus encourager. L’envie est bien présente de leur faire plaisir avec de beaux passages.
Tout se déroule bien jusqu’à un bout de goudron. Sur une reprise de gaz, le moteur semble ne plus pousser. Je passe le rapport supérieur et en effet, instantanément je me rends compte que la pédale de droite ne fait plus aucun effet. Aïe aïe aïe, ça ne sent pas bon. C’est une chose qui pouvait arriver assez régulièrement auparavant lorsque l’on pouvait arrêter les pompes à essence par mégarde. Mais ce montage a été modifié pour que l’interrupteur sélectionne soit l’un soit l’autre des deux pompes. Très rapidement, je me dis que la « panne » vient peut-être de là quand même. Bingo, coup de « pas de bol », j’ai réussi à placer l’interrupteur en position neutre. Aucune des deux pompes n’est alimentée en électricité. Un coup de switch vers la pompe n°1 et le moteur repart instantanément. C’est reparti !
Pour le reste de la spéciale, pas de folie mais de beaux freinages et de jolis passages en glisse. Il reste maintenant quelques centaines de mètres et la concentration est au maximum. Pas de bêtise maintenant !!
Dernière ligne droite, je soulage beaucoup car le chemin est très bosselé, 3ème…… 4ème………. 5ème…. Et c’est fait ! La ligne d’arrivée est passée !
Quelle émotion au moment de passer la ligne d’arrivée, de serrer la main tendue de mon Papa en ma direction, en me disant que nous allons monter sur un podium, tous les deux. Et quelle émotion de voir son doigt pointer le toit du buggy quelques instants plus tard avant d’arriver au point STOP, comme pour faire le lien avec notre Bonne Etoile sur ce rallye, si spécial pour nous.
Des copains de rallye n’ayant pas pu rouler cette année sont là pour féliciter Sébastien vainqueur du rallye et ont aussi quelques mots de félicitations pour nous. Super moment dans le buggy. L’émotion est bien présente pour nous deux après un WE de course exceptionnel.
Après une courte liaison, Clément nous attend avec une bière à la main pour nous asperger le pare-brise, joli clin d’œil à ce que nous avions « offert » à Cyril et Martine en 2017 pour leur premier rallye ensemble.
Cerise sur le gâteau, nous réalisons le scratch de la catégorie dans cette dernière spéciale qui nous permet de gagner 1pt supplémentaire au Championnat. Cela reste néanmoins très anecdotique puisque nous ne jouerons pas ce Championnat avec seulement 3 courses prévues cette année.
Niveau classement c’est une nouvelle fois le 17ème chrono au général qui nous fait prendre une magnifique 18ème place au classement final général scratch.
Sacrée performance qui vient valider les évolutions du buggy, qui n’avait pas réalisé pareille place depuis la saison 1992, année de ma naissance, au Dunes et Marais avec un équipage formé de mon Papa et de ma Maman, édition à laquelle ils avaient également accédé à la 3ème marche du podium en 2RM et terminés 17ème au scratch!
Conclusion du rallye :
Que dire à part que ce rallye restera gravé dans nos mémoires. Déjà une grande fierté d’avoir pu hisser notre prototype sur le podium d’une manche du Championnat de France en 2RM. Le tableau, il est vrai, était particulièrement ouvert sur ce rallye dans notre catégorie et la réussite a été de notre côté. Malgré tout, et après un début de rallye difficile, notre rythme a été crescendo et nous a permis de prendre de très bons chronos même dans le classement général face à des autos qui étaient largement devant nous il y a quelques temps.
Autre motif de satisfaction, le moteur. Après les évolutions avant Dunes et Marais, la modification du capteur PMH et la nouvelle cartographie réalisée par CG Motorsport avec Clément ont clairement porté leurs fruits et sont étroitement liés à nos bonnes performances du WE. Les évolutions du moteur nous ont permis de limiter la casse lorsque la 2ème ne fonctionnait pas, et ont montré tout leur potentiel une fois nos galères terminées.
Les quelques retours de connaisseurs et félicitations sur les évolutions de notre machine nous auront également fait énormément plaisir avec de nombreuses éloges sur le comportement et l’équilibre du buggy vu du bord de la piste. Ces connaisseurs sauront se reconnaître.
Evidemment, encore de nombreux souvenirs avec une super ambiance dans notre équipe d’assistance. Entre sérieux et déconnade, nous aurons une nouvelle fois passé un excellent WE de course mais également de soirées rigolades et apéros.
Merci une nouvelle fois à mes parents, toujours présents pour continuer à vivre ces moments de passion uniques en famille que seuls les passionnés de TT peuvent comprendre pleinement avec en point d’orgue la chance de pouvoir monter sur le podium en Père et Fils avec les casquettes de concepteurs, constructeurs, pilotes et copilotes.
Et enfin, le mot final revient forcément à notre Bonne Etoile. Six ans après notre première participation à ce rallye et une 2ème place en Legend Group que nous lui avions offerte pour son départ, cette fois c’est en montant, certes sur la plus petite marche d’un podium dont j’ai tant rêvé, que nous avons pu tendre nos coupes encore un peu plus haut pour qu’il puisse les voir briller encore un peu plus, sous ce beau soleil du Loiret….
Pour tous ceux qui nous suivent, rendez-vous très probablement pour le rallye Orthez-Béarn 2022 pour de nouvelles aventures, et toujours avec le prototype Méchin !