Et non, finalement ce sera 10h01, un concurrent ayant eu des soucis de santé. De notre côté, jusqu’ici tout va bien. Mélange de stress et surtout de beaucoup d’excitation d’attaquer enfin ce beau rallye.
Après une assistance très succincte, nous nous dirigeons vers le départ de l’ES1.
ES1 : ça démarre très mal !
Nous voilà sur la ligne de départ, et déjà Bruno Coet semble avoir des ennuis quelques dizaines de mètres après le départ… Le décompte est donné, 5….4……3……….2…………………..1….GO !!! C’est parti, ça respire bien, ça ne glisse pas trop. Nous avons bien fait de finir nos pneus usés, cela ne nous pénalisera pas.
Tout va bien jusqu’à….. la première équerre, 250m après le départ. Au moment de repartir, la 2ème nous fait un beau caprice, impossible de la rentrer. C’est pas possible ! Ca craque, ça crie, mais rien ne rentre… Aller, nous ferons la spéciale sans 2ème. Le temps d’essayer encore une ou deux fois pour être bien certains que le souci persiste, les secondes s’envolent et Thierry est forcément déstabilisé. Le rythme est loin d’être idéal pour attaquer ce rallye.
Cependant, la piste reste piégeuse. Certaines zones glissent pas mal, et de ce point de vue, nous passons avec un rythme très correct à priori. Côté boîte, pas d’évolution sur le reste de la spéciale. Le moteur a quand même l’air de très bien respirer et avale quand même pas trop mal le passage en 3ème bas dans les tours.
Sans trop de frayeur, sauf un droite rapide passé de manière très limite sur la toute fin de spéciale, le rythme a été quand même bien diminué par nos soucis de boite comparé à ce qu’il était censé être dans nos plans.
Côté chrono, le mal est déjà fait puisque nous voyons au tableau d’affichage que Sébastien Lafleur nous colle déjà 41’’ et que Jean-Michel Séguineaud est déjà 32’’ devant nous. La claque ! La lutte semble déjà terminée nous concernant avant même de démarrer. Quel dommage.
Nous préférons néanmoins prendre ceci avec le sourire. Tant pis, ce ne sera pas pour cette fois. Quoi que, je dis en plaisantant à Guillaume, venu nous demander des nouvelles : « Nous n’avons plus de 2ème ! Mais il me semble bien que Bruno (Coet) en 2016 avait fait un podium avec une vitesse manquante. Il sera pour nous ce podium alors cette année ! »
Nous faisons le 4ème temps de groupe, 2ème de classe tout de même, pour une 31ème place au général sur 58 encore en course.
Sur le routier, la 2ème rentre nickel ! C’est à rien y comprendre. Pourquoi est-elle opérationnelle maintenant alors qu’il était impossible de la rentrer en course, le régime moteur peut-être ?
A l’assistance, les voyants sont loin d’être au vert même sur le reste du buggy. Le moyeu avant gauche a largement dégueulé la graisse et nos freins montrent de gros signes de surchauffe, expliquant en partie les pertes de graisse.
Côté moteur, le joint spi vilebrequin côté volant nous a repeint la cloche d’embrayage comme cela avait été le cas au Dunes et Marais par moment.
Le sujet sensible maintenant, la boîte. Nous y regardons de plus près, et le système de blocage de marche arrière semble légèrement déréglé. D’un coup de clé nous y remédions. C’est une partie du montage que nous avons dû démonter à l’intersaison suite à un souci sur une rotule au Dunes et Marais 2021 (voir résumé).
Avec toutes ces petites choses, malgré 35’ d’assistance, nous sommes rapidement remis dans le bain sans trop nous poser. C’est parti pour l’ES2.
ES2 : pas mieux
Sur le routier, j’essaye, la 2ème est bien présente. Ah, voilà, les soucis sont derrière nous ? Pas vraiment.
Au moment de prendre le départ, je pousse la première, je veux attraper la 2ème et rebelotte, impossible de rentrer la vitesse. Mais que se passe-t-il ? Je ne tergiverse pas plus que ça, je ferai sans. Dans une situation différente de Thierry, je suis beaucoup moins déstabilisé, ayant déjà eu le souci dans la 1ère ES et étant déjà prévenu.
Le rythme est plutôt bon, même si certains freinages pourraient être poussés un peu plus. Cependant, je me surprends à freiner plus tard que je n’aurais pensé par endroits. De plus, le châssis se comporte très bien et me permet de passer avec au moins un rapport de plus que prévu dans certaines zones de cette spéciale plus accidentée que la première.
Le point noir reste forcément la boite à vitesse. Obligé à réaliser des 1-3 sur les phases d’accélération ou des 3-1 sur les freinages, je me mélange plusieurs fois les pinceaux à faire 1-1-3 ou 1-5-3, le déplacement latéral du levier n’étant pas suffisamment important pour assurer un bon passage à tous les coups. Sans réellement faire souffrir la mécanique par ce souci technique, les secondes s’envolent clairement. Probablement une bonne quinzaine sur l’ensemble de la spéciale, sans exagérer.
Côté chrono, nous ne sommes pas trop mal classés. A environ 16’’ du leader, et 6’’ devant la Team Séguineaud, nous pouvons quand même avoir quelques regrets. Nous ne serions pas mal avec notre 2ème en état de marche ! Au général nous signons le 23ème temps sur 56 véhicules.
Arrivés à l’assistance, un peu toujours les mêmes points d’attention, mais avec des symptômes en nette diminution. Ok, de ce point de vue, nous ne sommes pas mal.
Pour la boîte, nous sommes convaincus que les crabots de la 2ème sont morts et qu’il n’y a rien à faire que de prendre notre mal en patience et jouer placés. Embêtant quand même car le plaisir au volant n’est clairement pas le même. Nous sommes un peu en mode survie pour essayer à la fois de rouler, et ne pas abîmer davantage la mécanique.
ES3 : Thierry bien mieux
Toujours avec l’objectif de rouler tout en gardant un peu de forces sous le pied, Thierry prend un excellent départ. Parfois trop généreux par endroits et en manque de rythme à d’autres, il trouve tout de même un bon compromis avec la boite dont il nous manque un rapport crucial sur cette spéciale très typée virages à 90°. Thierry est plus pénalisé que moi par le profil de sa spéciale.
Pas grand-chose à noter si ce n’est que certains passages sont super bien négociés avec des gros freinages, mais qu’il reste encore quelques zones d’améliorations.
Belle spéciale tout de même mais la boîte semble clairement nous handicaper. Nous sommes une nouvelle fois à 43’’ des leaders de la catégorie. C’est difficile ! Le chrono nous place 31ème sur 49 au général.
ES4 : je m’acclimate à la BV4
A l’assistance, toujours pas de solutions pour la boîte même si Fabrice Rivet trouve étrange que le rapport ne rentre pas. Il devrait logiquement rentrer puis ressortir en cas de crabots usés. Nous prenons ces conseils et les mettons dans un coin de notre tête. Au moment de prendre le routier, je teste voir le comportement du levier. Et je me rends compte qu’en tirant le levier en faisant très attention à rester bien droit, le rapport rentre sans aucun problème. Et surtout en remettant du gaz, il ne ressort pas. Et il semblerait que nous ayons un jeu avec notre système de butée de marche arrière. Potentiel Euréka dans le buggy en nous dirigeant vers la spéciale n°4.
Pour celle-ci, l’affaire sera bien évidemment la même, mais il y a peut-être quelque chose à essayer pour la prochaine assistance.
Le départ est donné, et cette fois je peine beaucoup moins à trouver les rapports. Je fais encore quelques erreurs par-ci par-là mais globalement j’ai pris le coup. Cependant, le moteur accuse quand même pas mal le coup sur les reprises surtout lorsque la première à tendance à faire patiner les roues, ce qui est le cas sur pas mal de petites zones en herbe ou poussiéreuses.
Le temps défile sans que nous puissions vraiment changer quoi que ce soit en piste, très frustrant. Les sauts sont pris à fond, sans retenue cette fois, et c’est quand même un sacré plaisir dans le buggy une fois la 3ème vitesse dans les tours. Le buggy se comporte super bien, nous avons de quoi nous amuser !
Une fois la ligne d’arrivée passée, je dis à Thierry que c’est quand même dommage car on aurait bien 10’’ à aller chercher encore, juste en retrouvant la 2ème vitesse. Nous regardons le tableau d’affichage, nous sommes à 7.1’’ de Guillaume Lécouflet qui signe le scratch en 2RM. Rrrrhhh nous ne sommes pas passés loin du scratch et 7’’ semble largement faisable avec une boîte complète ! Frustrant quand même ! Au général c’est le 22ème temps sur 48.
ES 5 : on a tout le monde !
A l’assistance, hormis les soucis habituels, qui s’estompent tout de même, nous utilisons des pièces nous permettant des réglages de tringlerie pour améliorer les jeux que nous avions constatés sur le routier. Nous nous étions embêtés à les faire en 2019 lors de la re-conception, cela portera peut-être ses fruits aujourd’hui. Un essai en faisant le tour du parc, ça a l’air pas mal du tout.
Au moment de prendre le routier, en se plaçant dans l’hypothèses d’une utilisation type course, confirmation, cela a l’air prometteur, pas de craquement, rien, à voir en spéciale.
Thierry est sur la ligne, il s’élance et la consigne reste de ne pas faire d’erreur bête qui pourrait nous coûter notre rallye. Nous sommes 4èmes des 2RM malgré toutes nos péripéties, cela serait dommage de tout gâcher.
Le rythme est bon mais il y aurait encore du temps à aller chercher. Globalement pas de grosse prise de risque quand vient une portion le long de ces énormes fossés typiques de la région.
Au micro, j’annonce les notes prises en reco, il s’agit ici d’un virage à droite relativement serré, en herbe et probablement prenable en 2ème, très difficilement en 3ème. Thierry arrive avec un rythme beaucoup trop soutenu pour la courbe, l’arrière décroche et nous venons poser un bon tiers du buggy sur la pente descendante du fossé, quasiment verticale. Le nez monte en l’air, et avec la vitesse, nous sommes en train de ratisser le bord de fossé qui se retrouve à hauteur de nos sièges. Sans rien lâcher et profitant de la vitesse acquise avant le virage, Thierry arrive à faire sortir le buggy du fossé, qui nous propulse de l’autre côté du chemin. Ça brasse un peu, mais nous sommes tirés d’affaire, nous sommes passés très près de la catastrophe pour notre course !
Derrière forcément le rythme en prend un coup, et nous finissons la spéciale en doublant Guillaume crevé sur l’arrière, qui nous laissera passer très sportivement sans aucune gêne. Merci encore !
Côté chrono, malgré un rythme moyen et une belle perte de temps sur notre frayeur, nous limitons le retard de près de 15’’ par rapport aux passages précédents. La 2ème nous permet quand même de regagner sacrément en performance ! Nous sommes 25ème sur 48 en ayant lâché par mal de temps.
ES6 : premier scratch !
J’aborde la dernière spéciale avec l’envie de faire un bon chrono et de voir par moi-même ce que le buggy est capable de faire avec toutes ses vitesses. Mêmes consignes que pour Thierry, pas de prise de risque inutile. On se fait plaisir, on roule pour faire des temps, mais on garde une marge, surtout dans les zones piégeuses des premiers tours.
Le départ est donné et il est évident que le moteur respire maintenant à pleins poumons sur les premières vitesses. Plaisir vraiment complet sur cette spéciale, l’ensemble est harmonieux et l’attaque est tout de même bien présente. Je fais 2 petites erreurs qui me coutent quelques petites secondes mais globalement le rythme est quand même très bon vu mon niveau de confiance initial dans mes capacités à rouler et freiner fort sur ce type de terrain.
En milieu de parcours, nous voyons Guillaume et Elder arrêtés sur le bord de piste, probablement sur un souci de transmission de puissance. Dommage pour eux, avec une préparation prenante et tendue sur les dernières heures avant la course.
Les sauts sont toujours aussi grisants et la spéciale pourtant longue est vite avalée. Le terrain n’est pas trop creusé. Une fois à l’arrivée, j’espère secrètement avoir fait un bon chrono en étant convaincu d’avoir largement amélioré grâce au retour de la 2ème vitesse.
Effectivement, le temps est meilleur. Nous faisons quasiment 11’’ de moins qu’au passage précédent là où les autres pilotes font globalement des temps comparables. C’est évidemment avec une voix enjouée, voyant le chrono de Sébastien, le plus rapide devant nous, que je dis à Thierry que nous tenons peut-être le scratch sur cette dernière spéciale !
Une fois arrivés à l’assistance, Clément et Cyril tout sourire ont aussi regardé de près les chronos. Nous faisons bien le meilleur temps des 2RM, le premier depuis pratiquement 30 ans pour le buggy et également mon tout premier au volant. Cela nous permet également d’aller chercher le 16ème temps scratch au général sur 44 autos, belle performance !
Quelle satisfaction quand même, certes avec un plateau réduit comparé à d’autres épreuves du championnat, mais tout de même. Un rêve de gamin passionné de rallye vient de se réaliser là. Le chrono nous permet de nous rapprocher un peu au général et en 2RM avec environ 26’’ récupérées sur l’équipage Séguineaud. Bilan du samedi :
Avec une perte de temps colossale sur le début de rallye nous restons tout de même 3èmes du rallye, mais néanmoins loin derrière la Team Séguineaud 2ème (45’’) mais aussi loin devant nos poursuivants les plus proches (+4’30’’). Clairement nous n’aurons pas grand-chose à jouer en ce dimanche à première vue.
Côté satisfaction, la boîte fonctionne de nouveau très bien à présent. Nous comprenons logiquement que le souci venait du fait que nous avions tendance à vouloir rentrer la 2ème et la marche arrière en même temps par le dérèglement de notre tringlerie. La marche arrière n’ayant pas envie de rentrer (heureusement d’ailleurs), ceci explique très facilement pourquoi il nous était impossible de rentrer le 2ème rapport. Les crabots n’en ont donc logiquement pas souffert.
Côté satisfaction également, ce scratch dans la dernière, que nous avons bien arrosé au gîte avec une super soirée bien animée par Cyril et Clément, plutôt en forme malgré quelques douleurs de boîte crâniennes persistantes.
Le point global côté classement, nous pointons à la 22ème place au général, dans la première moitié du classement, 3ème de groupe et 2ème de classe. Pas mal du tout compte tenu de nos soucis.