La saison 2023
Terres d'Armagnac 2023
Préparatifs : mercredi - jeudi - vendredi
Samedi :
Nous y voilà, c’est le jour J de la course, deux ans après notre 4ème place en 2021. Cette fois, j’ai la lourde tâche d’écrire une nouvelle page au volant du proto Méchin venu ici 29 ans auparavant sur ce même parc de Toujouse.
La sortie du parc de passe bien, aucun ennui, les conditions sont idéales, on va pouvoir se faire plaisir. Un passage par l’assistance pour remplir le réservoir et regarder à 2-3 bricoles et direction la fameuse spéciale de Perquie. J’espère y faire son saut fabuleux de la meilleure manière qui soit.
ES1 : Perquie 1, découverte en grande vitesse
Nous arrivons au départ, cette fois pas de problème de fusible comme en 2021. Le décompte est donné..5…4…….3……………..2………………………….1… GO !! C’est parti, chemin défoncé et plein de pierres en montée, piano. Puis les parties roulantes arrivent. Ça glisse pas mal, le moteur est en sous régime très souvent. Je n’ai pas forcément de sensation d’une grosse amélioration moteur sur ce départ. Déjà dans une portion de plaine en herbe en dévers, nous sommes attirés par une haie. Le train avant est parti pour y aller, je laisse partir l’arrière qui rentre légèrement dedans avant de s’en extirper. C’était chaud, mais ça passe, tant mieux pour nous !
Le rythme est excellent, je suis en pleine confiance et le moteur semble donner des bons signes surtout dans les relances. Plaisir énorme dans cette spéciale aussi belle que demandeuse d’un point de vue physique. Peut-être un peu crispé, je m’épuise un peu au volant avant le dernier quart. D’un autre côté ça bouge beaucoup et ça roule proche des limites de notre fière monture.
Le saut de Perquie arrive et je galère à m’élancer correctement tellement le chemin est en mauvaise état. Qu’importe, nous arrivons quand même en 5ème dessus pour un joli vol le museau en l’air dans notre style caractéristique ! Le freinage au bout est nickel et la fin de spéciale est bien assurée avant de passer la première ligne d’arrivée du WE. Ouf, ça tire un peu les bras et la cagoule est très largement humide. Là, on a roulé. Thierry m’avertit même que nous étions un peu limites par endroits.
Côté chrono…
ES2 : Pujo 1, chaleur
A l’assistance, RAS tout va bien sous une chaleur écrasante. Nous ne sommes pas vraiment sur un gros rythme hors spéciales même en ce début de journée. Le plein et c’est reparti.
Arrivé sur le départ de Pujo, un peu d’attente. Il fait très chaud mais la spéciale s’annonce superbe. Nous nous avançons au départ prêts à en découdre.
Le départ est donné, très bon départ, le moteur relance bien. Nous rentrons dans un bois, courbe gauche dans une terre un peu meuble. Ca repart et là l’arrière se lève en partant sur la gauche. Roues arrières en l’air, j’anticipe le contre braquage. Au moment de l’atterrissage le buggy part violemment en sens inverse. Le temps de tout braquer dans l’autre sens je suis battu, nous partons en glisse en direction du bois et d’un arbre. La collision est inévitable ! Boum !
Sur le moment le train avant semble avoir pris un choc. Nous sommes en sens inverse sur la piste. Je repars, demi-tour au frein à main. Ca roule toujours. Quelques centaines de mètres pour reprendre le rythme. Le train avant se comporte normalement. Visiblement c’est le caisson de gauche qui a tout pris et dissipé toute l’énergie du choc. Tant mieux.
Le reste de la spéciale est réalisé avec un gros rythme malgré tout sur une spéciale très typée rapide et surtout très glissante par endroits sur une poudreuse blanche dans les chemins.
Malgré plus de 20’’ de perdues…
ES3 : Perquie 2 : confirmation
Arrivés à l’assistance c’est un peu le feu pour réparer le caisson pour ne pas le perdre plus tard, mais globalement plus de peur que de mal, le châssis n’a absolument rien. Nous ne voyons rien d’autre de choquant sur le buggy.
C’est parti pour le deuxième passage dans Perquie.
Le décompte est donné, c’est parti ! Le premier chemin est démonté ! Piano dans la montée. Sur le reste, je suis à bloc pour essayer d’aller chercher des petits pouillèmes à droite à gauche et améliorer certaines portions du matin. Le terrain est moins glissant, le plaisir est bien là.
Certaines zones qui nous avaient causées des talonnages sont évitées et le rythme est très soutenu. Le saut de Perquie est pris au maximum même si un rapport a été râté dans le prise d’élan, mince !
RAS sur la fin de spéciale. Nous passons la ligne d’arrivée sans encombre même si le moteur a toujours un peu chaud. La pose du radiateur a clairement amélioré les performances de refroidissement mais on sent bien que la température de l’air, très chaude, n’aide pas. D’ailleurs, à l’assistance nous avons pas mal d’échos comme quoi les moteurs ont tous tendance à chauffer.
Le chrono n’est pas mal du tout
ES4 : Pujo 2 : encore un kwack
A part 2-3 bricoles, tout va bien côté assistance ci ce n’est que nous partons maintenant toutes les deux minutes et que les attentes aux points STOP et aux entrées et sorties de parc sont longs.
Nous profitons davantage de l’assistance pour reprendre notre souffle que pour véritablement opérer sur le buggy si ce n’est pour refaire le plein d’essence.
Le niveau d’huile moteur est constant tout va bien de ce côté-là malgré une grosse attaque. Finalement, nous décidons de conserver nos pneumatiques neufs et de tester les mixtes pour voir ce que cela peut donner niveau chrono et adhérence sur une piste plutôt sablonneuse.
Nous voilà partis pour le deuxième passage de Pujo qui ne nous avait pas si bien réussi sur le premier. Nous sommes sur la ligne et d’emblée, interdiction de se faire piéger sur la bosse. Vincent Tressaricq parti juste avant nous en fera les frais sans conséquence.
Le rythme est super bon, pas de faute, la maitrise est parfaite sur toute la spéciale. Les chicanes sont plus écartées que sur le premier passage, nous en profitons pour rouler un peu plus vite.
Pas de souci jusqu’à la partie finale. Avant la spéciale, les commissaires nous avaient averti que la fin de spéciale était humide, la faute à un arroseur automatique qui aurait changé de position au cours de la journée, arrosant la piste. Je reste donc sur mes garde jusqu’à une portion en courbe gauche rapide où j’avais déjà posé les roues dans une légère ornière remplie d’eau faisant une flaque peu profonde et passée sans souci.
Cette fois, je prends le parti de passer un peu moins à la corde. Bonne idée, sauf que la petite plaque a pris du volume. Nous arrivons roue gauche dans l’eau. La flasque est en fait un beau trou. Malgré la vitesse (nous sommes en 4ème) l’avant gauche est instantanément freiné et fait pivoter le buggy rapidement pour nous emmener en tête à queue entre le maïs et le fossé présent sur la droite. Le pare-brise est recouvert de bout en un instant, l’intérieur aussi, par les trous laissés du rafistolage du caisson ayant pris l’arbre, mais je peux voir que nous restons sur le piste par le filet de droite. Pas d’inquiétude, mais je dois laisser glisser en contre braquant au maximum pour limiter la dérive. Une fois stoppés, marche arrière et c’est reparti. 16’’ de perdues dans l’histoire, cette fois en fin de spéciale.
Toute l’arrivée est comme décrite par les commissaires. Terrain ultra glissant et piégeux jusqu’à l’arrivée à l’orée du bois.
Ouf, la ligne d’arrivée est passée. Rageant, nous avons encore une fois bien roulé dans cette spéciale mais nous perdons beaucoup de temps sur une erreur de pilotage et un peu de malchance également.
ES5 : Perquie 3 : à fond
A l’assistance rien de nouveau. Tout est ok sur le buggy. Nous pouvons nous diriger sereinement vers cette 5ème ES.
Top départ ! Forcément un peu plus creusée, j’essaye d’aller encore chercher un tout petit peu plus de rythme là où je peux et de rester au plus propre. J’évite surtout les gros trous et les gros pièges pour épargner la mécanique autant que possible.
Le rythme est super bon, je me régale dans cette spéciale aussi roulante que technique.
Le saut de Perquie, le dernier du WE est passé à fond même si je n’aurai jamais su véritablement me lancer correctement sur aucun des 3 passages, la faute à un chemin très détérioré en amont du saut.
Tout le final est bien assuré pour aller chercher
ES6 : Pujo 3 : la catastrophe
Au retour de Perquie 3, nous avons très chaud avec Thierry. J’ai la tête qui tourne en descendant du buggy et Thierry n’est pas bien du tout. Après quelques minutes ça va mieux pour moi. En revanche Thierry prend du temps à se remettre et une bonne dose d’eau sur la tête lui fera finalement le plus grand bien.
Les conditions de roulage et l’adrénaline sont intenses dans le proto et nous poussent pas mal mine de rien. Le buggy, lui, va nickel, rien à dire.
Nous partons donc pour la dernière du samedi, qui sera également la dernière du rallye pour nous, mais ça, nous l’ignorons encore.
Le départ est très bon ainsi que toute la spéciale. Le rythme est excellent et nous améliorons encore un peu les marques des précédents tours. La maitrise est bien là, rien à dire, tout coule parfaitement.
Nous arrivons alors dans une portion très roulante sur 500m. En passant de 3ème vers 4ème je prends une première fois la 2ème…. Le moteur s’emballe. Mince ! Je remets la 3ème, je veux reprendre la 4ème et je reprends la 2ème à nouveau !! Fais ch… !! Je finis par passer la 4ème, nous perdons du temps et j’abîme la mécanique sans comprendre pourquoi cette 4ème se refuse à passer comme ça.
De plus, la chicane normalement présente au bout est dorénavant complètement ouverte, nous passons donc la courbe G en 4ème plutôt qu’en 3ème les tours d’avant. Probablement resté sur ma frustration précédente, l’envie de faire une grosse spéciale et surpris du rythme plus élevé permis par l’absence de chicane, nous arrivons dans un droite très rapide qui referme légèrement.
Simplement nous arrivons trop fort, en 5ème à environ 130km/h. L’arrière glisse sur la poussière bien aidé par une corde ratée de ma part et vient se faire aspirer à l’extérieur par un petit talus en dévers dont j’ignorais l’existence. Je comprends alors que nous sommes en très mauvaise posture. Thierry sur ma droite agite les bras en ma direction en voulant surement gérer le volant par réflexe.
L’arrière nous amène toujours en glisse, je contre-braque alors pour réaligner jusqu’à ce qu’un élément bloque l’arrière dans sa dérive latérale. L’avant reprend donc de la vitesse et bascule sur la gauche en voulant s’enfoncer dans le bois. Très rapidement, je braque tout dans l’autre sens. L’avant maintient plus ou moins le cap à nouveau en ralentissant sa dérive. Nous sommes alors de retour parallèle au chemin mais décalés de quelques dizaines de centimètres en dehors de la piste. J’ai à ce moment espoir qu’un miracle puisse se produire.
C’est alors que nous percutons les premiers arbres d’une série de 7-8 acacias d’un diamètre de 8-10cm. L’avant est alors aspiré à son tour dans le bois dans un bruit d’arbres arrachés mêlé d’un son terrible de l’écrasement des fibres de la carrosserie. Les arbres s’enchainent un par un et percutent le devant et le côté comme une voiture percuterait des cônes de chantier placés à intervalles réguliers sur une route.
L’action est extrêmement brève et confuse. Nous finissons finalement par nous retourner, la place de pilote coté terre, celle du copilote côté ciel en percutant par le demi-train arrière gauche une énorme souche enterrée là. L’accident est terminé. Thierry me demande instantanément si tout va bien. J’en déduis que lui n’a rien et je comprends que j’ai fait une énorme erreur de jugement. Après ça le silence règne pendant 1 seconde avant que le bruit des pompes à essence me fasse prendre conscience de couper le coupe-circuit, le moteur étant calé depuis longtemps déjà.
La peur laisse place à une colère énorme mêlée d’une déception et d’une vexation au moins toutes deux aussi fortes que la première ! Qu’est ce que j’ai fait PUT… !!!! J’ai été trop loin, et je prends conscience que je nous ai mis en grand danger Thierry et moi. En plus de cela, du poste de pilotage, le buggy ne semble pas à la fête ! Le capot avant est quasiment collé au pare-brise et dans mon esprit le buggy est mort et la saison terminée avec des dizaines voire des centaines d’heures à passer pour tout refaire encore une fois. Un cauchemar sans réveil possible!
Rapidement, plusieurs personnes viennent prendre des nouvelles de manière très bienveillante dont notre pote Eric Bardaud posté ici en spectateur. Après lecture du terrain, nous avons effectivement coupé pas mal d’arbres, mais nous passons surtout à 1m d’un énorme chêne qui n’aurait clairement pas bougé d’un centimètre en cas de collision. Après visionnage de la caméra embarquée, mon redressage express sur la fin de la sortie nous aura probablement évité le pire.
Aurélien Cabé et son équipe se rendent instantanément disponibles pour nous aider à sortir et nous amener de quoi nous hydrater et récupérer. Les équipages présents derrière nous, bloqués dans la spéciale sont d’un grand réconfort. Stéphane Boutet est dépité pour nous, Nicolas Doiteau et Florent Brulon auront également des mots sympas pour me réconforter. Thierry relativise de suite et me rassure aussi mais rien n’y fait, la déception est immense de foirer la saison et de détruire ce buggy familial que j’ai la chance qu’on me confie pour rouler.
Le buggy est extrait du bois tranquillement et sans geste brusque. Plus tard, assistés par plusieurs spectateurs et l’habitant de la maison bordée par la spéciale ainsi que de Clément et Emilie venus nous chercher, nous arrivons finalement à monter le buggy sur la remorque elle aussi en petite forme. Encore merci aux spectateurs nous ayant offerts des boissons fraîches etc… qui prouvent bien que les rallyes restent quand même une aventure humaine également.
Conclusion :
Cette fois après le rallye, difficile de voir le positif si ce n’est que nous sommes sains et saufs et c’est en effet déjà très bien. En arrivant au parc, nous échangeons avec les autres concurrents qui nous rappellent que l’erreur est humaine.
De mon côté je reste très déçu de cette erreur et de potentiellement décevoir Thierry également, qui me laisse cette année l’opportunité de ma première saison 100% au volant.
Le seul point positif semble l’état du buggy. Bien qu’il soit toujours compliqué de tout voir et que des surprises soient toujours visibles au démontage, le châssis ne semble pas touché. Certaines zones généralement révélatrices d’un châssis tordu n’ont rien et se veulent rassurantes.
En conclusion, comme pour tout, l’erreur est humaine et le rallye est un sport risqué. Mais notre Bonne Etoile était encore avec nous ce WE et nous suivra encore pour nos aventures futures. Et pourquoi pas au rallye Orthez-Béarn ? Comme dit l’adage, « quand on tombe de cheval, la meilleure chose est de vite remonter en scelle » !