C’est le grand jour, nous y voilà, après tant d’efforts, notre objectif d’être au parc du vendredi est atteint, maintenant, place au plaisir et à la découverte des nouvelles possibilités du châssis. Egalement une nouveauté, nous allons nous partager le volant tout au long du WE. Thierry va démarrer, cela me permettra de me familiariser avec le terrain puisque je n’aurai pas de notes pour mes passages, Thierry n’étant pas très à l’aise dans cet exercice.
ES1 : Bonnut 1 : prudence, découverte
Notre objectif est simple, nous voulons figurer parmi les arrivants du rallye, ce serait une sacrée performance avec tant de modifications et si peu d’essais. Même si nous avons essayé de toujours faire attention à tout pendant les phases de conception et de fabrication, nous nous disons tout de même que nous aurons forcément des surprises durant la course. Nous verrons bien.
Le décompte est donné, 5…4…..3……….2…………………….1………..GO ! Aller, déjà les vitesses passent bien, c’est déjà bon signe ! Le moteur n’a pas l’air d’être dans sa plus belle forme, nous verrons ça plus tard. Nous perdons pas mal de temps, nous en sommes conscients mais nous n’avons rien à jouer sur ce rallye de toute façon. La spéciale est super sympa, nous nous amusons tout de même. Les réactions du châssis sont bonnes et nous coupons beaucoup trop dans les trous et les bosses en gardant en tête le rythme que nous avons habituellement sur ce type de terrain. Le véhicule encaisse mieux qu’auparavant, le manque de rythme vient clairement de nous. Il va falloir s’y habituer.
Nous arrivons à la zone publique sur la fin de la spéciale et c’est l’arrivée ! Bon, déjà nous en aurons fait une ! Le temps pique un peu les yeux quand même, nous sommes en 11’34’’, et la plupart de nos adversaires habituels sont quasiment 1min plus vite que nous. Aie ! Nous sommes 81ème sur 99, il doit y avoir moyen de faire bien mieux et nous le savons. En 2RM nous faisons 19ème de groupe sur 24 et 12ème de classe sur 16 encore en course.
ES2 : Bassercle 1 : blocages et découverte
Au moment de prendre le départ, gros blocage. Des véhicules sont visiblement sortis de la route dans le bout de bois situé près du départ. Il faudra faire attention à ne pas se sortir et mettre un terme à notre rallye prématurément. L’objectif numéro 1 est de fiabiliser la voiture, de découvrir son comportement ainsi que de se faire plaisir, pas de se sortir dans la deuxième.
Début de spéciale compliqué, Thierry est plus souvent hors piste que sur le tracé, probablement surpris de ne pas voir l’arrière du véhicule nous passer devant dans les épingles et les longues courbes dans les champs. Le fait de passer en central réduit clairement ce phénomène. Il faut provoquer l’auto davantage dorénavant. Nous perdons un temps considérable.
Les portions de bois sont passées tranquillement, la motricité est bonne et nous sommes surpris de la faculté du buggy à être stable même lors d’un appuie latéral important. Nous sentons clairement l’apport de l’augmentation de voie suite à nos travaux. Encore une fois, il faudra un peu de temps pour prendre confiance et volontairement se « jeter » dans certains virages en sachant que le buggy ne fera pas du deux roues.
Cette spéciale est impressionnante et singulière. Thierry y prend plaisir à conduire, le moteur à l’air plus à l’aise également, moi un peu moins à copiloter. Ces portions proches du franchissement me plaisent beaucoup moins. A l’arrivée, nous sommes un peu moins dans les choux avec le 73ème temps sur 89 pilotes. Nous tenons le 18ème temps de groupe et 11ème de classe. ES3 : Bonnut 2 : je prends le relai
Thierry est heureux de pouvoir me laisser le volant en me laissant le buggy en parfait état. Pour la toute première fois, je vais prendre le volant en sa présence sur un rallye officiel. Et pour la toute première fois depuis 1984, il sera copilote.
Suite aux 3 passages de reconnaissance, ainsi que la lecture des notes au premier passage, je me sens opérationnel pour rouler à vue, ça devrait le faire.
Plutôt tendu au départ de la spéciale, je suis observé de près par le propriétaire du buggy, avec seulement 1 ou 2 km d’essais derrière moi et l’envie de bien faire pour ma toute première spéciale sur un rallye extérieur.
Le décompte est donné et c’est parti ! Je m’applique pour le passage des rapports sur la toute première ligne droite, les modifications de la tringlerie sont parfaites, les vitesses se trouvent sans aucun soucis, aussi bien à monter qu’à descendre. Bon point qui donne confiance ! Le rythme est plutôt bon, je n’entends pas trop crier à côté, c’est que ça ne doit pas être si mal.
J’ai la sensation d’aller plus vite que Thierry au premier passage, pas d’hésitation sur le parcours, mais très vite, les bras tirent. La spéciale est relativement bosselée et malgré l’amélioration de la suspension, les chocs dans le volant sont incessants. La direction est également plus lourde, la masse du train avant étant plus importante avec l’éviction du porte à faux arrière. Pour compenser sur certains virages, le frein à main me sauve un peu mais me coûte forcément du temps. Le rythme baisse sensiblement sur les derniers kilomètres de la spéciale.
A l’arrivée gros soulagement, je suis globalement satisfait, je trouve le comportement très sain à première vue. Thierry est également convaincu par ce passage qui montre que les trains se comportent mieux que par le passé et qu’il reste encore une marge de progression conséquente.
Le chrono est encourageant. Nous sommes à 10-15s des véhicules comparables à notre mécanique et nos moyens. C’est bien. Avec 1min de moins qu’au premier passage, nous prenons confiances dans le véhicule et ses possibilités. Nous sommes 65ème au général, 17ème des 2RM et 10ème de classe.
ES4 : Bassercle 3 : ça roule mais ça faute
N’ayant pas forcément apprécié les charmes des sous bois, et ayant entendu des rumeurs comme quoi la dernière serait annulée, je laisse ce passage à Thierry et je m’occuperai de Bonnut 3. Cette fois, un bout de la spéciale est shunté, et le nouveau tracé reste plutôt flou nous concernant.
Cette fois, le rythme est bon. Après deux ans sans rouler, Thierry commence a reprendre le rythme. Malgré un tout début de spéciale très lent, ne sachant pas trop où aller suite aux changements de tracé, le rythme est très bon dans les bois. Très en difficulté avec le roadbook organisation, je laisse à Thierry le soin de se débrouiller seul^^.
Il s’en sort très bien jusqu’à une portion de prairie. Une faute d’inattention le fait passer du mauvais côté d’une botte de paille et couper un virage involontairement, notre rythme étant trop important pour pouvoir passer du bon côté. Nous faisons demi-tour et là, surprise, une barrière avec du fil de fer vient s’emmêler dans le train avant puis le train arrière. Inquiétude et énervement mêlés dans le buggy. Il n'est jamais bon de croiser ce genre de choses dans les spéciales. Quelques mètres plus loin, nous arrivons trop fort dans une épingle droite piégeuse en descente dans les bois, nous voilà sorties de la route à 10cm d’un beau chêne d’un demi-siècle…. Ouf !
On se calme et ça repart. Le rythme est forcément plus faible mais reste bon malgré tout ! Bien trop prudents dans les parties plus roulantes en fin de spéciale, nous terminons forcément dans les choux après avoir perdu près de 40’’ avec nos péripéties. L’essentiel est à l’assistance lorsque nous découvrons que le fil s’est bien entortillé mais sans créer aucun dégât. Soulagement. Nous faisons le 72ème temps, 15ème des T1B et 9ème T1B2 malgré ces erreurs. ES5 : Bonnut, on essaye d’aller plus vite
C’est parti pour ce qui sera la dernière spéciale confirmée du samedi. Bassercle est annulée, j’ai la tâche de clôturer le samedi et avec en tête de le faire du mieux possible niveau chrono tout en gardant une bonne marge pour ne pas abîmer le buggy.
Le départ est bon même si une certaine retenue est toujours présente avec l’envie de ne pas abîmer le buggy après autant d’heures à travailler dessus. Certaines portions comme la zone spectateur ne sont pas prises correctement. Contrairement à l’ancienne conception, la présence du moteur central demande plus de « provocation » pour lâcher prise. Encore sur l’ancien équilibre dans la conduite, certains passages ne sont pas des plus efficaces de ma part.
Sur un terrain qui s'est clairement creusé par endroits, malgré tout, le plaisir est là, même si le même problème limite la performance, le volant renvoie beaucoup de chocs et il devient difficile de freiner fort, sous peine de le lâcher. Encore une fois, le rythme baisse au fur et à mesure par pur fatigue physique. Quand arrive le dernier kilomètre, un grand « clac » se fait entendre au niveau du train arrière ! Nous n’aimons pas beaucoup ça. Je réaccélère, rien, puis un « floc », puis un autre « floc », puis un autre, à intervalle régulier. Je ralenti, l’espacement augmente. Nous avons un élément tournant qui fait du bruit. Couple ? Roue ? Frottement par-là ? Thierry se désangle et va jeter un œil. Nous sommes à plat ! Pas grave ! Ce n’est qu’une roue, l’essentiel est de pouvoir continuer à rouler.
Le temps de se re-sangler et nous voilà repartis en faisant attention à ne gêner personne même si cela reste compliqué avec la poussière levée par le buggy. Nous roulons à 20-30 km/h jusqu’à l’arrivée, personne n’aura été gêné, c’est déjà ça. A l’arrivée, nous changeons la roue de secours. Nos travaux payent, la roue de secours est hyper accessible, avec sa croix à dispo et le cric de Lada très simple d’utilisation. En 6min chrono, sanglage compris pour le routier et nous sommes opérationnels. En fait, la crevaison n’en est pas vraiment une. En fin de compte, la jante est quasiment coupée en 2 sur la largeur en formant une sorte de spirale. Merci aux bénévoles présents au point STOP pour nous avoir ramené la roue à la buvette du samedi soir!
Sans prendre de pénalité (à 10s près), nous rentrons au parc d’assistance avec l’énorme satisfaction d’être encore en course même si nous sommes complètement distancés au classement entre notre mise en route plutôt tranquille du matin, nos erreurs de pilotage et notre casse de jante. En avance sur mon premier passage avant la casse de la jante, nous étions sur des bases nous mettant dans les 5-6 des 2RM-2.0L, dommage, ce ne sera que partie remise.
Bilan du samedi : Le bilan est très positif, bien évidemment. Même si nous sommes relativement loin au général, le comportement du buggy donne satisfaction. Le travail réalisé durant l’inter-saison porte ses fruits. Les réactions sont bonnes et vont demander un peu plus de roulage pour vraiment prendre confiance dans le potentiel de la nouvelle mécanique. Côté satisfaction, la tringlerie de boite à vitesse est un succès. Précise et agréable, elle demeurait comme un des points les plus critiques avant le rallye.
Nous n’avons rien à jouer pour le dimanche mais nous essayerons tout de même de rouler pour aller chercher un peu plus d’attaque et aller plus loin dans la découverte des possibilités du buggy dans sa nouvelle configuration.
D’un point de vu classement, même si tout cela est bien anecdotique, nous sommes 64ème au général, 14ème des 2RM et 8ème de classe.
C'est l'heure de profiter avec une bonne binouze (pas tous) en savourant notre présence au parc :