Arrivés au parc fermé le matin, la météo est la discussion centrale. Pleuvra, pleuvra pas ? La question est vite levée, aussitôt dit aussitôt fait, une goutte puis deux puis des centaines viennent rendre le terrain du dimanche toujours plus glissant au fur et à mesure que les minutes défilent avant le départ des véhicules de championnat dans l’ES7. En partant quasiment 1h plus tard nous connaissons notre sort. Nous serons mangés à la sauce « Holiday on ice ». Peut-être que ce coup du sort peut nous permettre de gagner quelques places ? Généralement à l’aise sur le glissant, nous n’avons aucune connaissance avec notre nouvelle version en moteur central sur le buggy. Le moteur en porte à faux était forcément un avantage par le passé, mais à quel point ? Les améliorations de la suspension va-t-elle nous permettre de compenser l’équilibre ? Le buggy sera peut être moins difficile et vicieux avec les masses plus centrées ?
ES7 : Jaffe 1, prudence puis grosse attaque
Nous prenons le départ avec toutes ces interrogations en tête. Comme prévu, les conditions sont dantesques. Et manque de bol, au moment du départ, la pluie s’intensifie… je me dis que de toute facon la piste est trempée et que cela n’aura pas d’importance…. Faux en partie.
En effet, la piste est bien glissante. Première ligne droite prise prudemment pour voir ce que ça donne. Il y a des fossés de partout, pas de bêtise. Très vite le volant fait pas mal de tours. Le buggy a quand même l’air de bien motricer, pourtant les pneus sont loin d’être neufs à l’arrière, ayant déjà fait tout Orthez ainsi que la samedi du Dunes. Très vite, un peu de buée et de l’eau s’installent sur le pare brise. Ne lisant pas les notes, Thierry s’applique à nettoyer au mieux les deux côtés du pare brise, chiffon à la main pour l’intérieur, essuie glace à l’extérieur et lave glace par moments. Impeccable !
Là où la pluie a son importance : la visibilité. Le temps est bas, gris, et en 5ème dans les portions de goudrons ou de chemin, la visibilité est quasie nulle. L’essuie glace, pourtant véloce, ne fournit pas ! Mes lunettes sont pleines de piqures de terre et de pluie comme le sont nos casques…. Sur certaines portions je limite la casse en roulant grâce à une bonne mémorisation visuelle du tracé. La limite entre le raisonnable et le dangereux est vraiment pas loin. Sur la deuxième portion de la spéciale, cette situation est un peu moins handicapante, les portions rapides étant un peu plus rares. Certaines portions sont très glissantes. Il faut être très vigilants pour ne pas faire de tout droit ou ne pas prendre de bidons qui nous attendent à bras ouverts.
La DA me fait un bien fou dans cette spéciale, les rattrapages sont incessants, et un peu de fatigue s’installe sur la fin de la spéciale. La ligne d’arrivée passée, nous sommes bien contents d’en sortir sans soucis. Thierry m’a mis dans les meilleures dispositions pour rouler au mieux et améliorer la visibilité au maximum. Il me confie qu’il n’y voyait rien et qu’il n’aurait pas su rouler comme j’ai pu le faire. Quel compliment ! Arrivé au point stop, j’y vois toujours très mal, je regarde à mes lunettes, elles sont pleines de boue et d’eau, la rendant aussi opaque qu’un vieux verre de table ayant trop vu le lave vaisselle….
Côté chrono, nous faisons une très bonne opération. Etcheverry pourtant bien plus rapide que nous la veille est plusieurs minutes derrière, Nail a perdu 1’20’’, et tous nos poursuivants potentiels sont à au moins 1’00’’. Tout bénef’ pour nous donc ! Nos efforts et notre performance nous placent 57ème sur 113 devant pas mal de 4RM, 10ème de groupe sur 25 et 3ème sur 17 de classe à seulement 18’’ de Brient leader de classe.
ES8 : Musson 1, première faute
Thierry, qui affectionne particulièrement la spéciale de Musson prend le volant. Typée très roulante, elle est toujours très sympa sur le sec. Sur le glissant elle va s’avérer plus compliquée un peu comme l’année passée. Le mot d’ordre est de rester propres. La première équerre montre déjà des signes de déconcentration de notre côté. Sans arriver forcément très fort, nous voilà dans le champ. En respect de la ligne de course, nous repassons du bon côté des bidons. Le rythme n’est pas au rendez-vous, Thierry si à l’aise d’habitude sur cette spéciale n’est pas dans le coup, aie aie aie ! C’est pas grave, il faut prendre son mal en patience, nous ne perdons pas non plus 5s par kilomètre. Vers le milieu de la spéciale, le moteur montre des signes de faiblesse. Première alerte, ca coupe, ça ratatouille. On a clairement des soucis moteur qui ne viennent pas nous aider.
Thierry se met gentiment dans le rythme sur une spéciale malgré tout assez piégeuse par endroits. L’arrivée de la spéciale approche quand soudain nous arrivons en travers dans un gauche, des traces de partout, nous voulons absolument respecter la ligne de course, et nous venons percuter un bidon couché au sol. Le bidon se relève avec l’impact et vient se bloquer sous le train avant. Nous voilà posés sur le bidon. Marche arrière, ça patine. Marche avant, nous voilà sur le bidon encore un peu plus, ça pue ! Thierry a la bonne idée de retenter la marche arrière et de donner des coups de frein à main, le buggy se décale et sort des traces, ça motrice suffisamment pour sortir, ouf !!! Mais que de temps perdu, Thierry s’en veut mais rien de grave le rallye n’est pas terminé pour autant ! Nous perdons beaucoup de temps avec seulement la 87ème place au général sur 110. Cela nous met 18ème sur 24 en T1B et 10ème sur 16 des 2.0L. Nous faisons un temps globalement 1’00 moins bien que le rythme sur lequel nous étions au matin, dommage mais rien n’est fait !
ES9 : Brie 1, ça roule puis ça stoppe
Le mot d’ordre est d’essayer de remettre un coup d’accélérateur dans cette spéciale pour nous relancer. Nous sommes séparés de l’équipage Nail de 1’’ seulement. Rien n’est joué nous concernant et nous avons toujours une avance confortable qui nous permet de garder notre 3ème place de classe.
Au moment de prendre le départ, ça a l’air de beaucoup patiner. Les buggys devant nous prennent 1min à faire deux bouts de droit dans un champ, ça sent la spéciale compliquée en 2RM. Le départ est donné, je passe 3 vitesses sans vraiment avancer. Les pneus ne sont pas neufs, certes, mais ça mouline sévère. Je choisis de ne pas tenter le diable et de rester propre. Les virages s’enchainent et j’ai l’impression de bien rouler. Thierry me conforte dans mes sensations avec des encouragements qui sont les bienvenus aussi bien pour moi que pour lui pour reprendre une attitude positive après l’histoire du bidon dans Musson.
Certaines portions sont très grasses, certaines sont défoncées, d’autres sont les deux. Dans un bois, un beau réflexe au frein à main nous évite de nous mettre en travers dans le bois, ouf !! Tout va bien, le rythme est bon. Nous attaquons le dernier tiers de la spéciale, sortie d’un bois le moteur respire pas trop mal même s’il continue a ratatouiller puis…. plus rien !! Je vérifie, le contact est là, les interrupteurs de pompes sont en marche… Aie aie aie !! Nous sommes en panne !!! Les secondes défilent et plusieurs idées surgissent… capteur PMH ? Rah, peu probable… Silence dans le buggy pendant 30s…. trop de silence… Au bout d’un moment je dis à Thierry : « Tu entends les pompes ?!?! Je n’entends rien, c’est les pompes ! ». La première idée qui nous vient en tête c’est le fusible de pompes. Mais nous passons finalement à côté, le circuit ayant été modifié en 2015 par un intervenant externe. Nous pensons au relai activé par le boitier électronique. Changement de relai, nous switchons avec le relai des ventilateurs dont nous n’avons plus l’utilité après avoir tout monté en manuel suite à un soucis à Orthez. Résultat : rien…..
Il n’y a pas 36 solutions, nous décidons d’alimenter les pompes directement. Les pompes sont alimentées, elles tournent enfin. Le moteur redémarre logiquement. Le temps de se sangler correctement après avoir refermé le capot arrière, nous repartons sur un rythme prudent sans pour autant rouler trop doucement pour ne pas gêner les concurrents de derrière. Aussitôt passée la ligne d’arrivée, je me rends compte que nous n’avons absolument pas pensé à regarder à un des fusibles qui contrôle bel et bien les pompes… nous avons parlé de fusible sans penser à lui.
Niveau comptable et compétition, le rallye est terminé pour nous. Nous nous sommes arrêtés pendant 11’10’’… En plus de cela nous prenons 30’’ de pénalité pour retard au pointage d’entrée de parc d’assistance. En prenant la feuille des temps par curiosité, les 11’10’’ décomptées, nous sommes à une trentaine de secondes du podium des 2RM, sans compter que le rythme après être repartis n’était clairement pas le même que sur le reste du parcours. Quel dommage, notre performance était donc très bonne sur cette spéciale. C’est la course !
Une fois à l’assistance, la déception laisse place à l’amusement lorsque nous nous rendons compte que le fusible qui nous était sorti de la tête est bien grillé… c’est pas possible, c’était sous nos yeux, nous avions de quoi le remplacer et nous n’avons rien compris… rrrrrrhhhhh !!
Nous passons de la 56ème place au classement à la 75ème au général global et nous perdons notre 3ème place de classe que nous avions avec 1’30’’ d’avance ? Nous sommes maintenant 8ème de classe à 4’00 du précédent, nous roulerons maintenant pour le fun !
ES10 : Jaffe 2, Thierry se fait plaisir
Nous voilà dans la dernière boucle du rallye. Difficile de se remettre dedans, nous n’avons plus grand-chose à jouer. Très loin au classement, nous allons rouler pour nous faire plaisir.
Thierry reprend donc le volant pour ce second passage. Le mot d’ordre est d’essayer de ne pas abîmer le buggy déjà et d’essayer d’aller chercher des chronos sympas, même s’il est vrai que c’est toujours plus dur de prendre des risques si la pression de la course et du résultat n’est pas là pour nous pousser à rouler.
Thierry prend un bon départ et maintient une bonne allure sur tout le tracé. Quelques passages sont négociés tout en équilibre, cette spéciale est très plaisante. Quelques hésitations par moment auraient pu permettre encore un rythme un peu plus soutenu mais ça roule très bien déjà ! En revanche, le moteur a toujours des soucis. Il semblerait qu’un manque d’essence en soit la cause. Les pompes sont toujours dans le viseur et semblent avoir de sérieux signes de fatigue.
Le chrono est pas mauvais compte tenu des circonstances puisque nous sommes 5ème de classe dans celle-ci à une trentaine de secondes de la tête.
ES11 : Musson 2, la revanche sur le premier tour
Au retour de l’ES10, Thierry me dit : « bon aller venge moi dans la prochaine ». Je demande alors qui fera la dernière, il me dit qu’elle est pour moi pour également me venger du mauvais sort fait par les pompes. Vengeance contre vengeance, Thierry se débrouillera avec Musson, et je me débrouillerai avec Brie.
C’est donc Thierry qui enchaine avec Musson. Généralement à l’aise dans cette spéciale, il est passé à côté au premier passage. Une fois mais pas deux ! Le second tour est impeccable. A l’attaque dès le départ, en respectant parfaitement la ligne de course (tout le monde ne peut pas en dire autant vu les traces de partout dans les champs), le rythme est très bon pour une fin de rallye sans objectif.
Petite frayeur quand même le long d’une vigne, nous savons que ce passage est piégeux, dévers, fossé et un beau trou pour bien arranger le tout, une belle machine à sortie de route. Nous arrivons dessus en évitant au maximum le trou. Le dévers fait partir le buggy en glisse de l’arrière, nous prenons le trou de plein fouet sur l’arrière, qui ne tarde pas à remonter en faisant une légère vrille. Grosse sensation dans le buggy, la sortie n’était pas loin !
La fin de spéciale est bonne. Il y aurait eu moyen d’améliorer encore un peu, mais c’est surtout le moteur qui nous fait des caprices. A l’arrivée, nous avons tous les deux pris plaisir à rouler dans Musson comme chaque année. Le temps est très bon puisque nous sommes à 12’’ de Etcheverry et Dabbadie, nos repères sur les spéciales roulantes.
ES12 : Brie 2, une belle conner… pour finir
Me voilà au volant au départ pour la dernière avec comme mot d’ordre de se faire plaisir et de pas tenter le diable pour terminer la course.
La première moitié respecte le schéma de principe. Le rythme est bon, les trajectoires sont propres, tout va bien. C’est ensuite que l’affaire se gâte d’un seul coup.
Très en confiance dans une portion en empiérré, je me déconcentre une fraction de seconde sur l’entrée d’un bois. Trop tard, la bêtise est déjà faite ! Le train avant par tout droit dans les arbres ! Quelle erreur de ma part, d’autant que je n’étais pas sûr un rythme en sur-pilotage jusqu’ici. Le choc est assez violent à environ 60 km/h. Deux arbres nous arrêtent net ! Quelle déception pour moi dans un premier temps. Je m’en veux terriblement. Thierry me dit que ce n’est pas grave et que ça arrive. En repartant, Sébastien Bois, en spectateur, jette un œil sous le capot. Je suis tout heureux de voir son pouce levé signe que nous pouvons repartir !
Dans le bois qui suit, les sensations ne sont pas très bonnes. Le buggy navigue un peu devant, la seconde connerie n’est pas loin si je ne fais pas très attention. Toutes les portions de bois sont prises piano. La fin de spéciale est plus plaisante dans ce contexte. Bon rythme revenu petit à petit jusqu’à l’arrivée !
C’est fait, sur un dernier virage en glisse, nous franchissons la ligne d’arrivée ! C’est fait ! Enfin, houlala on a bien failli ne pas la passer celle-là ! J’aurais bien pu tout gâcher sur mon erreur. Thierry franchit cette ligne d’arrivée pour la 22ème fois dont 10 fois consécutivement, probablement un record. C’est également ma 10ème arrivée cette année en 10 participations entre 2010 et cette année !
Le chrono est anecdotique. Nous faisons tout de même 5ème de classe encore une fois avec 27’’ de retard sur Etcheverry 3ème en ayant perdu 20’’ dans les arbres et beaucoup d’autres dans les portions du bois où le buggy avait plus envie d’aller aux champignons que de rouler sagement sur le chemin.
Conclusion du rallye :
Que d’émotions encore une fois dans un rallye où le samedi aura été bien différent du dimanche (un peu comme en 2018) pour tout le monde, avec les conditions météorologiques antagonistes, et beaucoup pour nous avec un samedi impeccable et un dimanche quasi interminable il faut bien le dire.
Techniquement, des points positifs sont à noter. Sur le sec, aussi bien Thierry que moi avons pris la mesure des nouvelles capacités du buggy. Beaucoup plus à l’aise sur le sec qu’à Orthez, nous avons beaucoup moins hésité au moment de passer des marches, ou venir en appuie dans certains virages qui le demandent. Pour les conditions grasses, nous sommes partis sans avoir aucune idée de la motricité et du comportement du buggy d’une manière générale. Dès la première du dimanche, et au vu du temps réalisé, les performances nous ont globalement rassuré. La motricité, peut-être un peu inférieure, est compensée par un comportement plus sain et largement moins sur-vireur qu’avec l’ancien porte-à-faux. La conduite est plus confortable et moins aventureuse.
Dernier point, la direction assistée, qui nous a demandé pas mal de travail encore une fois entre Orthez et Dunes et Marais, a donné entière satisfaction et ne sera retirée sous aucun prétexte. Précision des trajectoires, force physique et lucidité ont été largement améliorées grâce à cet élément d’assistance à la conduite qui nous a fait grandement défaut jusqu’ici, nous avons pu nous en rendre compte.
L’ambiance dans la Team familliale aura encore une fois été parfaite avec des souvenirs plein la tête entre Sylvain, Gaëtan, et Maman, les pilliers de l’assistance cette année, et le Nem et Fred étant venus donner un coup de main très gentiment. Bubulle aux chronos, Jenny, Adrien et les Dorés accompagnés de Loic et Valérie ainsi que ma Chérie sur le bord des spéciales venus nous encourager, la venue de Bouchon et les passages de Tonton Bille auront été les petits plus qui nous auront permis d’aller encore un peu plus vite sur les spéciales.
Sans oublier notre bonne étoile qui de là-haut aura pu voir le buggy avaler les kilomètres et aller sortir quelques bons chronos avec deux générations de Méchin réunies aux commandes pour la première fois sur un Dunes et Marais. Même si la Saint Bruno tombait le dimanche cette année et que forcément un résultat aurait été particulièrement mémorable et symbolique pour nous, je suis convaincu que cette étoile brille encore un peu plus fort comme après chacun des rallyes que nous pouvons faire, quelque soient les péripéties, et quelque soit le résultat final !
La saison 2019 se termine là pour nous cette année. Extrêmement riche en apprentissage sur une toute nouvelle configuration qui semble bien née avec deux arrivées sur deux rallyes, nous reviendrons en 2020 un peu plus au point avec une grosse révision pour peut-être un peu plus de rallyes qu’en 2019. A très vite à tous ceux qui nous suivent de près, ou de loin! Bye !