Dunes et Marais 2020

 

1ère journée

 
Une première journée très compliquée :

   Nous sommes convoqués pour sortir du parc à 9h52. Il a plu toute la nuit, il va falloir s’attendre à des terrains très compliqués. Arrivés sur place au port de Royan, un bruit commence à courir comme quoi la spéciale de Jaffe serait annulée. Certains disent que les autos roulent dedans, d’autres disent que c’est neutralisé, d’autres parlent d’annulation mais de convoi…
  Pour nous, cela ne change pas grand-chose, nous verrons bien ce qu’il en est…

ES 1 : au ralenti

   Arrivés au départ de la spéciale, effectivement, on nous annonce que la spéciale est neutralisée. Visiblement, un poteau électrique en est la cause après être tombé sur la spéciale. Thierry est au volant et fera le bout de spéciale à allure réduite comme indiqué par l’organisation.
   Déjà, même avec le passage de seulement quelques autos, les portions de champs sont bien creusées. Après seulement quelques mètres, nous voyons Didier RAVAT et son fils posés sur un bidon… cette édition s’annonce pour le moins particulière. Ils arriveront finalement à s’en sortir.
   Nous roulons tranquillement, tout semble fonctionner et nous en profitons pour reconnaitre un peu, sur un terrain qui n’a plus rien à voir avec celui que nous avions rencontré le mercredi. Les chemins se tiennent, bien que creusés et les portions de champ vont donner du boulot au second tour.
   Une fois à l’arrivée, nous inversons nos places, pour aller prendre le départ de Maubeuge qui promet d’être compliquée surtout sur le final.

ES 2 : reprise du rythme puis voile noir….

   Au départ, pas mal de buggys sont en attente, surement dû à un blocage un peu plus tôt dans la matinée. Bonne nouvelle, le temps à l’air bon, pas de pluie. Nous attendons 15-20 min puis c’est enfin à nous. Evidemment, au moment de voir Sébastien LAFLEUR partir devant nous, une belle pluie fait son apparition. Quelques gouttes au départ, puis une belle averse… super !
   Je dois avouer que je ne sais pas trop ce que va donner cette première spéciale. Le contexte est pas évident pour se mettre dedans… Le décompte est donné 5….4…….3………………2……………………………..1 !! Go !!! Au départ, petits soucis avec l’embrayage, ça patine un peu, j’ai probablement des difficultés à faire la balance après une année complète sans rouler et juste quelques centaines de mètres de roulage juste avant le rallye sans attaquer. Le terrain est très glissant dès le départ mais ça roule bien pour nous. Très plaisant, j’aime quand ça glisse donc je suis pour le moment servi. Avant d’arriver sur la zone spectateurs, les premiers indices de ce que nous allons vivre en 2020 sont là… un beau champ plein de boue après un 90G… ça motrice pas trop mal même si le moteur a quand même du mal à emmener en 3ème vitesse. En partant dans les derniers nous ne sommes clairement pas à notre avantage. La piste est déjà très creusée.
   Le passage de route à la zone spectateur est prise comme nous avions prévu, puis c’est le moment de rentrer dans le bois. Je l’ai bien en tête, très agréable, rapide, dynamique mais aussi glissant et piégeux. Au G/D en sortie de bois pour reprise goudron, je me fais surprendre et vient frôler (ou un peu plus) un arbre sur la gauche, ça tape légèrement mais rien de grave. C’est vite oublié pour arriver sur une portion goudron bien sympathique prise tout en travers ou je manque de faire un joli tête à queue…
   Jusque là le rythme est très très bon, nous nous dirigeons gentiment vers un bon temps pour attaquer ce Dunes et Marais. Au moment de repasser devant la zone spectateur, je ne m’en rend pas compte, mais les balais d’essuie-glace se comportent bizarrement. Ils se décalent petit à petit de mon côté. Le temps de sauter la route et de retomber dans la boue du champ déjà traversé en sens inverse plus tôt dans la spéciale, l’affaire est pliée, notre balai d’essuie-glace est en train de nous faire une avarie… Il est maintenant bloqué de mon côté et fait des battements de 3cm d’amplitude…
   A une centaine de mètres devant nous, j’aperçois Sébastien LAFLEUR. Nous sommes à 15-20’’ de lui, ça sent bon le chrono intéressant ! Hélas, le pare-brise commence à devenir très sale, je prends le G/D sur chemin tant bien que mal mais il reste encore 1.5km de champs boueux à traverser, ça s’annonce très compliqué.
   Très vite, je ne vois absolument plus rien. Le pare-brise est couvert de boue. Heureusement, Annie avait prévu une raclette avec un manche extensible. Thierry s’en sert en passant le bras par l’extérieur. La longueur du bras ne permet de nettoyer que la moitié du pare-brise. A moi de faire le reste. Tout en conduisant, je m’efforce de regarder à droite et à gauche par le filet pour me diriger en évitant les bidons. C’est très très compliqué et je perds la notion des vitesses et du régime moteur pendant quelques instants. Pour Thierry l’affaire n’est pas simple non plus. Voulant respecter les règles élémentaires de sécurité en rallye, il ne se désangle pas et s’écorche les mains le long de la carrosserie pour mettre des coups de raclettes tant bien que mal et essayer de pousser et tirer le balai d’essuie-glace pour nettoyer le pare-brise. Pris dans l’action je jette un œil sur la température d’eau, nous sommes entre 120°C et 130°C ! Panique à bord, je ralentis le rythme en étant plus bas dans les tours en lâchant du gaz et en espérant que le mal ne soit pas déjà fait.
   Au bout d’un moment et avec les énormes difficultés à rouler sans y voir en ligne droite, je prend la décision de me désangler, le risque étant clairement largement plus important de se prendre un arbre ou un bidon que de faire un tonneau alors que nous sommes plus proches de nous poser qu’autre chose. Ca va un peu mieux, je vois un peu mieux et nous terminons la spéciale comme ça avec une tension nerveuse proche du paroxisme dans ces conditions et surtout sur un terrain où l’arrêt est interdit sous peine de ne pas pouvoir repartir.
   En finalité nous signons tout de même le 79ème temps sur 101 classés et le 19ème temps des 2RM sur 30. Sébastien LAFLEUR, notre repère sur cette spéciale est classé 45’’ devant nous. Etant en train de le rattraper, il est clair que nous perdons environ une minute et demie dans l’affaire… dommage, nous aurions probablement entamé ce rallye de la meilleure des manières avec un chrono très proche de la tête des 2.0L 2RM…



Caméra embarquée de la spéciale :




ES3 : tout est ok

   Arrivés à l’assistance, nous réglons ce problème d’essuie-glace et c’est reparti. Thierry en profite pour retrouver le volant et nous partons pour la spéciale de Musson qui promet d’être courte mais sympa !
   La procédure de départ est donnée, nous sommes dedans ! Très vite, je vois que Thierry est plutôt dans le coup, sur un terrain très piégeux dès le départ. La petite bute du départ est bien sympa et le champ qui suit nous balade d’un côté à l’autre en nous faisant visiter les bordures de haies placées là.
   Nous arrivons sur une portion de goudron… Thierry est probablement très à l’aise et s’enflamme un peu. Pas le temps de lui dire, nous arrivons trop fort dans un G pour chemin, nous embarquons le zébra et percutons un extincteur placé là… il passe sous le châssis en faisant un bruit infernal. Rien de cassé, demi-tour et c’est reparti. 10’’ de perdues… mais ça roule !
   Thierry, un peu échaudé prend un bon kilomètre à remettre du rythme. L’heure de passer le saut de route, la dalle en béton, nous arrivons sur le saut mythique de la spéciale. Le « saut décalé » comme on l’appelle. Il est prévu de couper un peu mais en arrivant à 100m du saut je dis à Thierry de pousser la 5ème à fond de nos possibilités pour sauter ! Nous arrivons en milieu de 5ème, ça saute propre ! Yes !! Super sensations dans le buggy… la suite est un peu plus compliquée.
   Le chemin a quasiment disparu, difficile de dire si l’on doit rester d’un côté ou de l’autre. Nous faisons visiblement le mauvais choix qui nous emmène sur ce qui nous semble être un bidon en béton…. Nous arrivons en travers dessus à forte vitesse et Thierry rattrape le buggy à 10 m du bidon (qui était en fait un panneau radio plein de boue…). Ouf !!!! C’était chaud !!
   Le reste de la spéciale est relativement roulante et nous nous amusons malgré les conditions. Il y a du temps à gratter avec quelques hésitations mais le niveau est plutôt bon !
   Le chrono confirme nos sensations. Nous faisons le 69ème temps sur 96. Cela nous place 19ème sur 26 en 2RM et 7ème de classe, les écarts étant très serrés. Nos 10'' nous coutent pas mal de places.



ES4 : Jaffe ça roule fort puis plus rien….

   Bien que Thierry soit sensé faire cette spéciale, il me la laisse finalement, le deuxième passage de Maubeuge étant annoncée comme annulé. Un peu hésitant au premier abord, j’accepte.
   Le départ de la spéciale sera probablement endommagé et l’était déjà à notre premier passage. Un trou m’inquiète un peu, mais nous nous disons que c’est parce que nous l’avions pris doucement au premier passage que nous l’avions senti. Je le prendrai donc à fond au deuxième passage…
   Le décompte est donné, puis ça décolle ! 1ère, 2ème, 3ème, 4ème… je pousse la 4ème au rupteur, passage de 5ème et là je vois le fameux trou à 20-25m environ… Il est gigantesque et s’est creusé énormément ! Je ne peux pas freiner sous peine d’exploser le train avant dans le trou, accélérer ne règlerait pas grand-chose, je ne fais que poser le pied sur le frein un rien de temps et laisser glisser en espérant que le chemin nous ralentira un peu.
   A peine ralentis, nous prenons le trou de plein fouet sur le train avant, le sabot semble toucher… puis c’est au tour du train arrière de faire sa part ! On talonne et l’arrière est propulsé en l’air, le sol se rapproche puis part vers la droite. Nous sommes à deux doigts de faire une casquette, le cul finit par retoucher terre en étant tournés vers la gauche à quasiment 90°… ouf !! Nous avons échappé au pire, au moment de repartir, nous ne sommes pas crevés à l’arrière droit c’est une bonne nouvelle déjà….
   J’ai besoin de 400-500m pour m’en remettre et attaquer de nouveau. Le rythme est ensuite très bon avec des beaux freinages et une conduite propre, malgré l’état toujours aussi boueux des sols. Le pare-brise est régulièrement inondé de boue épaisse et les essuie-glace / lave glace ont du mal à drainer. C'est dantesque, et généralement ce sont les freinages qui semblent attirer la boue sur le pare brise... L’arrivée est presque en vue, nous sommes dans un 90D et à la sortie, plus rien ! Le moteur prend ses tours comme si la boite était au point mort… le verdict est clair dans ma tête, soucis de boite ou arbre d’embrayage… Et là en touchant aux freins à main de gauche, le buggy semble bouger légèrement. Cardan ? Thierry descend du buggy et m'annonce "on est crevés" !!!
   C’est là que commence la grosse galère du samedi. Pousser, tirer, marche avant, marche arrière, nous sommes posés dans 20cm de boue, impossible de nous en sortir. Thierry prend le volant et j’essaye à mon tour de donner toutes mes forces pour bouger le véhicule, placer des piquets en bois sous les roues.... Lueur d’espoir, nous arrivons enfin à le bouger mais malheureusement, la roue arrière droite étant la seule motrice restante, elle a tendance à nous renvoyer dans la boue en extérieur de virage. Malgré tous nos efforts, nous avons réussi à nous extirper d’une zone boueuse pour…. une autre zone boueuse.
   Après 12 bonnes minutes à cravacher dans la boue, cette fois, c’est terminé pour nous, ça va finir en abandon, notre premier depuis 10 ans ici…. Eh bien non ! Un 4X4 de l’organisation nous propose de nous filer un coup de main après avoir laissé passer tous les concurrents. Un coup de corde et nous revoilà sur piste.
   En jouant du frein à main, avec une roue motrice, nous arrivons à trouver une zone propre et sûre pour pouvoir changer la roue. Impossible pour nous de finir la spéciale avec une roue motrice avec le bourbier présent en fin de spéciale.
   C’est quelques minutes plus tard que nous arrivons enfin à sortir de la spéciale. Nous perdons ainsi 20'40" dans l’histoire…
   Côté carnet de bord, nous n’avons pas tant de retard que ça au pointage de la spéciale de Maubeuge. Nous aurons droit à 50’’ de pénalité de retard au pointage CH.

ES5 : annulée

ES6 : on déroule et on galère encore

   Ca y est ! La dernière de la journée arrive enfin ! Nous n’avons qu’une seule envie c’est d’en terminer avec ce samedi cauchemardesque… Pour notre roadbook la messe est déjà dite ! Il est recouvert de boue et inutilisable… merci à l’équipage Mandin, hors course un peu plus tôt dans la journée, de m’avoir gentiment donné la feuille de liaison pour aller au parc d’assistance de Bel Air ainsi qu’au parc fermé pour nous dépanner.
   Thierry prend le volant pour clore cette journée. Sans aucune ambition, l’objectif est véritablement d’emmener le buggy au bout pour aller vers une deuxième journée que l’on espère plus prolifique que la première.
   Le début de spéciale est joué piano, rien de bien méchant à signaler, si ce n’est que le terrain est quand même bien dégradé. Effectivement, comme nous avions pu le constater, étant partis dans les derniers du rallye, les terrains sont mixés et il est quand même assez sportif de prendre de la vitesse en 2RM…
   Tout se passe plutôt bien même si notre embrayage ne nous donne pas ntière satisfaction, que ce soit Thierry ou moi au volant, jusqu’à ce que ….. notre pompe de lave glace nous fasse des caprices. Un coup nous avons de l’eau, un coup nous n’en avons plus… Et bien sûr, histoire de fignoler le tableau, comme par hasard, il ne pleut plus pour la toute première fois de la journée pour nous… le sort s’acharne donc carrément sur nous !
   La pompe revient par intermittence mais pas suffisant pour y voir correctement dans l’habitacle. L’essuie-glace fait ce qu’il peut mais nous manquons de nous sortir dans une haie normalement bien visible en plein champ, la faute à un chemin en surplomb ultra glissant, en plus du manque de visibilité.
   La fin de la spéciale est dantesque. Nous ne voyons quasiment plus rien, surtout Thierry côté pilote qui doit passer la dernière épingle droite en m’écoutant décompter la distance en temps réel comme un GPS et en lui disant quand tourner et tirer le frein à main…
   Nous arrivons, enfin, au bout en perdant encore du temps, mais qu’importe, l’essentiel est là, nous sommes encore en course et nous allons pouvoir souffler un peu ce soir !
   Pour l'anecdote, nous étions tellement "hors rallye" à ce moment là qu'au moment de confier le carnet au point STOP de l'arrivée de spéciale, les tonelles ne sont plus là, les commissaires ayant cru que le samedi était bouclé pour eux  avec un temps toujours aussi venteux et menaçant.

   Notre temps est forcément mauvais dans ces conditions. Nous sommes 68ème sur 74, anté penultième des 2RM avec plus d’une minute de perdue par rapport au premier passage.

Conclusion du samedi :

   GA-LERE !!! LE mot de la journée ! De loin notre journée de rallye la plus galère depuis qu’on roule ensemble. Nous avons absolument tout eu contre nous ! Panne d’essuie-glace dans les champs les plus gras, crevaison au pire moment dans 20cm de boue, panne de lave glace dans la seule spéciale sans pluie, ordre de départ désavantageux, pluie battante qui décide de se manifester pile à chacun de nos départs (sauf dernière de Musson)… Il aurait été difficile de faire pire. Malgré tout, nous n’avons pas lâché, nous sommes trempés jusqu'aux os, nos combinaisons sont recouvertes de la tête aux pieds de boue, la mienne étant ouverte en deux pour ce qui sera son dernier rallye, nous avons froid, mais nous sommes encore en course !!!
   Bilan des courses, nous sommes bien logiquement bons derniers de ce rallye. Et avec une belle marge de 9' de retard sur l’avant dernier qui est également un 2RM. L’objectif est donc tout trouvé pour le dimanche : aller essayer de chercher l’avant dernière place !



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